Présidence LR : le spectre d’une faible participation

© GUILLAUME SOUVANT / AFP
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Plusieurs personnalités des Républicains craignent que les adhérents ne se mobilisent pas le 10 décembre pour élire le président. Or, plus la participation sera faible, plus le futur chef sera fragilisé. 

Il y a élection dimanche. Du moins pour les adhérents Les Républicains. Ceux-là sont appelés aux urnes pour élire leur futur président. Ils ont le choix entre le super favori Laurent Wauquiez, Florence Portelli et Maël de Calan. A priori, peu de suspense sur le nom du vainqueur. En revanche, l’incertitude est plus grande quant au nombre de votants. Et l’enjeu n’est pas mince. Le parti est en mauvaise santé après une année électorale catastrophique. Une participation large pourrait permettre de relancer la dynamique. Sauf que ça n’en prend pas le chemin.

En théorie, 235.000 adhérents (234.908 exactement), à jour de cotisation  au 31 décembre 2016 ou au 31 juin 2017, peuvent voter par voie électronique ou dans l’un des 251 lieux de vote installés sur le territoire. Mais c’est la barre symbolique des 100.000 électeurs qui devraient faire office de repère. Ce sera de toute façon loin des 176 608 votants du congrès de 2012, marqué par le duel Copé-Fillon, et loin aussi des 155 851 participants de l’édition 2014, lors du retour victorieux de Nicolas Sarkozy.

" Laurent Wauquiez sera évidemment le responsable de cet échec "

"En dessous des 100.000 votants, ce sera un échec. Et il y aura forcément des enseignements à tirer", prévient Florence Portelli mardi dans Le Parisien. "Je partage l’avis de Florence", assure Maël de Calan, joint par europe1.fr. Le candidat a beau reconnaître "une forme de lassitude" chez les adhérents, "après une année électorale pas facile", il estime que "si la participation est nettement en-dessous des 50%, ce sera un échec pour le parti. Si on est autour des 100.000 votants, ce sera juste acceptable".

"Wauquiez a fait le choix de privilégier son pourcentage". Si les deux adversaires de Laurent Wauquiez placent la barre si haut, c’est précisément pour s’en prendre au président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Après, l’élection, sans doute, mais aussi avant. "Laurent Wauquiez serait évidemment le responsable de cet échec", estime Maël de Calan. "Il a refusé que l’on ait un débat qui aurait pu amener nos adhérents à s’intéresser à cette élection. Il aura donc une lourde responsabilité en cas de faible mobilisation. Comme il ne pouvait pas obtenir un gros score sur un grand corps électoral, il a fait le choix de privilégier son pourcentage. Je le regrette pour Les Républicains", s’épanche le candidat.

"Nous imaginons plutôt 50.000 participants". Du côté de Laurent Wauquiez, on est évidemment beaucoup plus prudent. "Le chiffre de 234 908 adhérents est un trompe-l’œil puisqu’ils ne sont pas tous actifs en ce moment", prévient par avance Geoffroy Didier, directeur de campagne du candidat Wauquiez, au Monde. "Si l’on arrive à la moitié du chiffre de 2014, ce sera vraiment bien. Mais nous imaginons plutôt 50 000 participants". Un objectif très modeste qui permettra de commenter sans trop de difficulté la participation de dimanche, quelle qu’elle soit.

Le même Geoffroy Didier pare aussi d’avance les coups qui ne manqueront pas de pleuvoir si Laurent Wauquiez est mal élu. "S’il est élu, cela ne remettra pas en cause sa légitimité. Un député élu avec une forte abstention reste un député. De toute façon, il a bien conscience que tout est à reconstruire et à réveiller", explique le conseiller régional d’Ile-de-France. Quant au débat dont son champion n’a pas voulu : "avec un débat, il y aurait eu peut-être encore moins de votants. Nos électeurs n’en peuvent plus des divisions", élude-t-il.

Une campagne de mails et de SMS. Le parti, lui, préfèrerait tout de même mobiliser le plus possible. Samedi, les 235.000 adhérents recevront ainsi un message du secrétaire général Bernard Accoyer leur rappelant de voter à partir de 20 heures le soir même et jusqu’à la même heure le lendemain. Par ailleurs, Les Républicains ont lancé depuis le début de la semaine une campagne de mailing et de SMS pour envoyer aux électeurs potentiels leur numéro d’adhérent, indispensable. Preuve que le parti a ratissé  large, Frédéric Lefebvre et Frank Riester, qui ont tous deux quitté le navire, l’un de son propre gré, l’autre en étant exclu, ont tous deux reçu le fameux message. Pas sûr cependant qu’ils fassent l’effort. Comme une majorité de leurs ex-camarades.