Premier jour de liberté pour le cofondateur d'Action directe

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
Jean-Marc Rouillan a passé lundi sa première journée sur son lieu de travail, les éditions Agone à Marseille. Il est ensuite retourné dormir à la prison des Baumettes. Le cofondateur de l'organisation armée d'extrême gauche Action directe bénéficie, depuis le 6 décembre, d'un régime de semi-liberté après plus de vingt ans de détention.

Depuis 1987, Jean-Marc Rouillan n'avait pas quitté le milieu carcéral. Lundi matin, il est sorti de la prison des Baumettes à Marseille pour se rendre à pied sur son lieu de travail, la maison d'éditions Agone chez laquelle il a déjà signé plusieurs livres, dont "Je hais les matins", témoignage sur les longues peines, publié en 2001. Il est arrivé à pied, peu avant 8 heures, accompagné de deux femmes, à la maison d'édition, non loin de la Canebière. Dans la soirée, vers 17h30, l'ancien dirigeant d'Action directe (AD) est sorti de l'immeuble qui abrite son employeur. "Je n'ai aucune déclaration à faire, je n'ai pas le droit de parler", a-t-il dit aux journalistes présents qui lui posaient des questions. "Connaissez-vous Marseille ?", ont insisté les journalistes car Jean-Marc Rouillan est emprisonné aux Baumettes depuis une semaine, après son transfert de la prison de Lannemezan. "Non, je découvre. Je suis arrivé de nuit, je repars de nuit". Autre question : "Vous avez le sourire ?" "Oui, évidemment, je suis ébloui... Faites vos images, laissez-moi tranquille", a alors répondu Jean-Marc Rouillan, 55 ans, avant de s'éloigner, avec ses deux accompagnatrices, en direction de la station de métro voisine. Il est ensuite rentré aux Baumettes où il doit passer ses nuits et ses week-ends, il rejoindra les Baumettes. Jean-Marc Rouillan a aussi obligation de verser 30% de son salaire au Trésor public et à ses victimes, pour solder les sanctions financières et les indemnités ordonnées par la justice.

Le 6 décembre dernier, la cour d'appel de Paris a accordé un régime de semi-liberté à Jean-Marc Rouillan, comme elle l'avait fait cet été pour son épouse Nathalie Ménigon, atteinte de troubles vasculaires cérébraux. Dans un an, il pourra demander une libération conditionnelle. Jean-Marc Rouillan, cofondateur d'AD, a été condamné deux fois à la perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 18 ans, notamment pour les assassinats du PDG de Renault Georges Besse en 1986 et de l'ingénieur général René Audran un an plus tôt. Les trois autres membres d'Action directe arrêtés avec lui en 1987 dont Nathalie Ménigon ont été condamnés pour les mêmes faits. Joëlle Aubron, atteinte d'une tumeur au cerveau, a été libérée le 16 juin 2004. Elle est morte le 1er mars 2006. Le dernier membre du groupe, Georges Cipriani, est toujours en prison. Il souffre de troubles psychiatriques et une demande de semi-liberté devrait être examinée au premier semestre 2008. Enfin, un autre membre d'AD arrêté lui en 1984, Régis Schleicher est lui incarcéré depuis 23 ans. Il a été condamné à la perpétuité pour la fusillade de l'avenue Trudaine à Paris au cours de laquelle deux policiers avaient trouvé la mort.