Pourquoi Sarkozy a évincé Morano

© CHARLES PLATIAU / POOL / AFP
  • Copié
David Doukhan et
Le patron des Républicains espérait que la polémique s'éteindrait d'elle-même. Mais la sortie de Morano sur Europe 1 l'a convaincu qu'il fallait trancher dans le vif.

Jusqu'au bout, elle s'est arc-boutée, dénonçant une interprétation de ses propos. Mais en assurant sur France 2, samedi dernier, que "la France est de race blanche", Nadine Morano a déclenché un torrent de critiques ininterrompu, y compris au sein de sa famille politique. Après cinq jours de petites phrases, Nicolas Sarkozy a finalement tranché mercredi en évinçant Nadine Morano de la tête de liste aux régionales dans le Grand Est. Mais pourquoi avoir attendu autant de temps avant de sévir ?

Une sortie de crise était prévue, mais…  Le patron des Républicains a hésité. Il espérait que la polémique pourrait disparaître, que les choses pourraient se tasser. Un scénario avait même été esquissé, avec Brice Hortefeux en maître d'œuvre : "Je suis convaincu qu'elle n'a voulu blesser personne et le mieux serait qu'elle le dise elle-même", a-t-il lancé mardi soir sur i-TELE. Nadine Morano avait accepté de jouer le jeu. Mais elle a finalement tout fait pour que la polémique reste au centre de l'intérêt médiatique. Et c'est son entretien à Europe 1, mercredi matin - dans lequel elle "maintient ses propos" - qui a poussé Nicolas Sarkozy à trancher dans le vif : les régionales, ce sera sans elle !

L'ancien président aurait préféré éviter d'en arriver à une mesure aussi spectaculaire. Car lui retirer l’investiture, c'est aussi envoyer un message à toute une partie de l’électorat de droite qui est plutôt d’accord, sur le fond, avec les propos de Nadine Morano. Mais Nicolas Sarkozy n'avait plus le choix.

Surtout ne pas s'aliéner les centristes. Car outre le retentissement national de "l'affaire Morano", le patron des Républicains pensent aussi aux conséquences sur la campagne des régionales. Nombre d'élus locaux commençaient à mettre la pression, à commencer par les centristes, avec qui les Républicains ont scellé un accord pour partir uni dans le Grand Est. Sauf qu'en conservant Morano dans le dispositif, Sarkozy prenait le risque de voir les centristes se désolidariser et partir à la bataille en solo. Impensable alors qu'il rêve d'un succès aux régionales pour bien lancer l'année 2016.