Pourquoi Hollande ne jure plus que par sa réforme territoriale

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IL A TOUT A Y GAGNER - Bien qu’absente de ses promesses de campagne, cette mesure pourrait devenir le symbole du mandat Hollande.

François Hollande veut "accélérer", il l’a dit et répété. Ses ministres sont donc priés de faire avancer au plus vite LE dossier. Lequel ? Celui de la réforme territoriale, évidemment. Si le chef de l’Etat a fait de ce texte une priorité de son quinquennat, il ne faisait pourtant pas partie de ses engagements de campagne. Pourquoi donc un tel empressement, alors que le dossier s’annonce compliqué juridiquement et politiquement ? Voici quelques éléments d’explications.

 >> Il a le soutien des Français

André Vallini

André Vallini, secrétaire d'Etat à la Réforme territoriale, en est certain : "les Français attendent cette réforme. Il y a trop longtemps qu’on en parle, il faut maintenant agir !", > Il a le soutien des Français. André Vallini, secrétaire d'Etat à la Réforme territoriale, en est certain : « les Français attendent cette réforme. Il y a trop longtemps qu’on en parle, il faut maintenant agir !", a-t-il assuré mardi matin sur Europe 1. Les sondages lui donnent raison. Selon une enquête de l’Ifop publié dans le Journal du Dimanche du 11 mai, 55% des Français se disent en effet favorables à la suppression des conseils généraux. Toujours aussi impopulaire - seulement 18% des Français sont satisfaits de son action, selon le dernier baromètre OpinionWay -, « cela permet à un François Hollande largement discrédité de reprendre langue avec l’opinion publique, qui attend une réforme de l’Etat depuis des années et des années», décrypte Pascal Perrineau, politologue contacté par Europe1.fr. Et se sentir soutenu, même quand on est président de la République, ça fait du bien. >> Il va gagner ses galons de réformateur. L’opposition l’accuse de multiplier les concertations sur tous les sujets et, par conséquent, de repousser ses prises de décision ? On le taxe de « mollesse » ? François Hollande dégaine un « big bang institutionnel » et renvoie la France de Napoléon à l’Histoire. Si, alors que le sujet dort dans les cartons depuis des années, il parvient à rapetisser le millefeuille territorial en si peu de temps, il pourra inscrire cela tout en haut de son bilan. Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017, ce n’est pas anodin. « Et en plus, c’est une réforme qui ne coûte pas très chère et qui pourrait même rapporter un peu d’argent », ajoute Pascal Perrineau, qui voit un autre intérêt pour le président d’agir aussi vite sur ce dossier pourtant brûlant : « cela lui permet de renouer avec l’image réformatrice de la gauche des années 80, à commencer par les lois Deferre de décentralisation (en 1982, Ndlr) » Et, aussi, de faire oublier celles qu’il avait promises et qu’il a, pour l’heure, abandonnées en route, comme le droit de vote des étrangers aux élections locales. >> Il divise la droite. François Hollande est en poste depuis presque trois ans, et l’UMP a toujours autant de difficulté à se montrer audible. Outre les (nombreuses) querelles d’égos qui polluent le principal parti d’opposition, des divergences idéologiques mettent également à mal sa crédibilité. C’est le cas sur l’Europe, où fédéralistes et souverainistes se regardent en chiens de faïence. Et c’est aussi le cas sur la réforme territoriale. Certains, comme Bruno Le Maire ou Xavier Bertrand, sont favorables à de profondes modifications des structures territoriales et accueillent favorablement la réduction du nombre de régions. «À l'UMP, on est prêt à avancer», a assuré le secrétaire national du parti en charge des métropoles, Pierre-Yves Bournazel, avant d’aller plus loin encore sur Sud Radio : « on est prêt à voter ». D’autres, comme Jean-François Copé, François Fillon ou Alain Juppé, se montrent favorables à la disparition des départements, mais pas à la constitution de grandes régions. «Je pense que l'on évolue vers une forme fédéraliste d'organisation de notre pays. C'est un risque pour l'unité nationale», s’est expliqué Alain Juppé. «La dérive fédérale est impossible en France», lui a rétorqué Jean-Pierre Raffarin. Devant ce spectacle, François Hollande se frotte les mains et « il aurait tort de s’en priver, même si la droite n’a pas vraiment besoin de lui pour se déchirer toute seule », s’amuse Pascal Perrineau, qui met toutefois en garde le chef de l’Etat : « je constate aussi que la gauche, et surtout ses élus locaux, est également partagée sur ce sujet. Donc cela peut-être à double tranchant. » >> Il se tire la bourre avec Valls. "Je propose de réduire de moitié le nombre de régions dans l'Hexagone" et de supprimer les conseils départementaux "à l'horizon 2021". Ainsi parlait un certain Manuel Valls lors de son discours de politique générale, le 8 avril dernier. Un mois plus tard, il a en remis une couche au 20 heures de TF1. Lui comme François Hollande ont bien compris tout le bénéfice qu’ils pourraient tirer de cette réforme attendue par les Français. Mais pour François Hollande, pas question de laisser la main à son Premier ministre. Cette réforme, c’est la sienne, et il veut que ça se sache. Le toujours populaire Manuel Valls ne lui volera pas sa « plus grande réforme », si tant est qu’elle aboutisse. Alors, quand le Premier ministre évoque une mise en application "à l'horizon 2021", François Hollande, lui, souhaite que la réforme soit bouclée dès 2015. Une façon de rappeler qui dicte le tempo de la politique engagée. « Je ne pense pas que ce soit sa préoccupation essentielle, mais cela cadre bien avec sa tentative de se mouler dans l’hyperprésidence. Reprendre la main, c’est aussi une façon d’envoyer un message de fermeté à son Premier ministre », confirme Pascal Perrineau, avant de conclure : « et le président peaufine en même temps son image d’autorité »."target="_blank" >a-t-il assuré mardi matin sur Europe 1. Les sondages lui donnent raison. Selon une enquête de l’Ifop publié dans le Journal du Dimanche du 11 mai, 55% des Français se disent en effet favorables à la suppression des conseils généraux. Toujours aussi impopulaire - seulement 18% des Français sont satisfaits de son action, selon le dernier baromètre OpinionWay -, "cela permet à un François Hollande largement discrédité de reprendre langue avec l’opinion publique, qui attend une réforme de l’Etat depuis des années et des années", décrypte Pascal Perrineau, politologue contacté par Europe1.fr. Et se sentir soutenu, même quand on est président de la République, ça fait du bien.

 >> Il va gagner ses galons de réformateur

L’opposition l’accuse de multiplier les concertations sur tous les sujets et, par conséquent, de repousser ses prises de décision ? On le taxe de "mollesse" ? François Hollande dégaine un "big bang institutionnel" et renvoie à l’Histoire la France de Napoléon. Si, alors que le sujet dort dans les cartons depuis des années, il parvient à rapetisser le millefeuille territorial en si peu de temps, il pourra inscrire cela tout en haut de son bilan. Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017, ce n’est pas anodin.

"Et en plus, c’est une réforme qui ne coûte pas très chère et qui pourrait même rapporter un peu d’argent", ajoute Pascal Perrineau, qui voit un autre intérêt pour le président d’agir aussi vite sur ce dossier pourtant brûlant : "cela lui permet de renouer avec l’image réformatrice de la gauche des années 80, à commencer par les lois Deferre de décentralisation (en 1982, Ndlr)". Et, aussi, de faire oublier celles qu’il avait promises et qu’il a, pour l’heure, abandonnées en route, comme le droit de vote des étrangers aux élections locales.

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>> Il divise la droite

François Hollande est en poste depuis presque trois ans, et l’UMP a toujours autant de difficulté à se montrer audible. Outre les (nombreuses) querelles d’égos qui polluent le principal parti d’opposition, des divergences idéologiques mettent également à mal sa crédibilité. C’est le cas sur l’Europe, où fédéralistes et souverainistes se regardent en chiens de faïence. Et c’est aussi le cas sur la réforme territoriale.

Certains, comme Bruno Le Maire ou Xavier Bertrand, sont favorables à de profondes modifications des structures territoriales et accueillent favorablement la réduction du nombre de régions. "À l'UMP, on est prêt à avancer", a assuré le secrétaire national du parti en charge des métropoles, Pierre-Yves Bournazel, avant d’aller plus loin encore sur Sud Radio : "on est prêt à voter". D’autres, comme Jean-François Copé, François Fillon ou Alain Juppé, se montrent favorables à la disparition des départements, mais pas à la constitution de grandes régions. "Je pense que l'on évolue vers une forme fédéraliste d'organisation de notre pays. C'est un risque pour l'unité nationale", s’est expliqué Alain Juppé. "La dérive fédérale est impossible en France", lui a rétorqué Jean-Pierre Raffarin.

Devant ce spectacle, François Hollande se frotte les mains et "il aurait tort de s’en priver, même si la droite n’a pas vraiment besoin de lui pour se déchirer toute seule", s’amuse Pascal Perrineau, qui met toutefois en garde le chef de l’Etat : "je constate aussi que la gauche, et surtout ses élus locaux, est également partagée sur ce sujet. Donc cela peut-être à double tranchant".

>> Il se tire la bourre avec Valls

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"Je propose de réduire de moitié le nombre de régions dans l'Hexagone" et de supprimer les conseils départementaux "à l'horizon 2021". Ainsi parlait un certain Manuel Valls lors de son discours de politique générale, le 8 avril dernier. Un mois plus tard, il a en remis une couche au 20 heures de TF1. Lui comme François Hollande ont bien compris tout le bénéfice qu’ils pourraient tirer de cette réforme attendue par les Français. Mais pour François Hollande, pas question de laisser la main à son Premier ministre. Cette réforme, c’est la sienne, et il veut que ça se sache. Le toujours populaire Manuel Valls ne lui volera pas sa "plus grande réforme", si tant est qu’elle aboutisse.

 Alors, quand le Premier ministre évoque une mise en application "à l'horizon 2021", François Hollande, lui, souhaite que la réforme soit bouclée dès 2015. Une façon de rappeler qui dicte le tempo de la politique engagée. "Je ne pense pas que ce soit sa préoccupation essentielle, mais cela cadre bien avec sa tentative de se mouler dans l’hyperprésidence. Reprendre la main, c’est aussi une façon d’envoyer un message de fermeté à son Premier ministre", confirme Pascal Perrineau, avant de conclure : "et le président peaufine en même temps son image d’autorité".

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