Pourquoi Hollande a renoncé à la loi Famille

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Fabienne Cosnay et David Doukhan , modifié à
ANALYSE - Le président veut tout miser sur son Pacte de responsabilité. Les sujets de société ne sont plus jugés prioritaires.

Les coulisses d'un enterrement. François Hollande a laissé à Jean-Marc Ayrault le soin d'annoncer la reculade du gouvernement sur la loi Famille. Le projet de loi, prévu pour avril, ne verra finalement pas le jour en 2014. L'enterrement a été acté, dès lundi midi. Selon les informations d'Europe 1, c'est le président lui-même qui a tranché la question, lors de son déjeuner en tête-à-tête avec son Premier ministre. Les deux hommes ont convenu qu'il fallait couper court le plus vite possible au début de polémique, après une matinée marquée par une passe d'armes entre le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et le chef de file des députés PS Bruno Le Roux.

La raison officielle. Pour justifier ce report sine die, l'entourage du Premier ministre a invoqué des "travaux préparatoires (qui) doivent se poursuivre" pour peaufiner ce projet de loi, ainsi qu'un "calendrier parlementaire déjà dense". Voilà pour la raison officielle. En réalité, trois raisons ont poussé François Hollande à renoncer à la loi famille.

La famille ? "Pas une priorité". Pour François Hollande, rien ne doit venir perturber le chantier du Pacte de responsabilité, qu'il a détaillé lors de sa grande conférence de presse, début janvier. Le chef de l'Etat ne supporte plus que le débat public dérive loin de ce pacte et de son programme de réduction des dépenses publiques. Seuls la croissance, l'emploi, et la compétitivité, trouvent aujourd'hui grâce à ses yeux. L'un de ses proches le confirme : "l'année 2014 est électorale, le temps parlementaire est donc réduit à cause des échéances municipales et européennes, il faut faire des choix et la famille n'est pas une priorité". Fermer le ban.

Etre le président de l'apaisement. François Hollande a été profondément marqué par les fortes mobilisations contre le mariage pour tous au printemps 2013 et ne veut pas revivre une telle séquence, à trois mois des élections municipales. Le chef de l'Etat veut se placer dans la posture du président qui apaise plutôt que dans celle d'un président qui attise les tensions. "Il y a la volonté d'apaiser un certain nombre de tensions, y compris lorsque celles-ci sont alimentées par de faux débats", explique t-on à l'Elysée.

Les couacs, c'est terminé. En coupant court rapidement au début de poléméique, l'exécutif a voulu faire preuve d'autorité. François Hollande ne veut plus entendre ses ministres débattre à longueur de matinales radio et d'émissions de télé de sujets qui, selon lui, constituent "une dispersion".

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