Portugal : dépénalisation de l'avortement approuvée

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Administrator User , modifié à
Dimanche, 59,3% des Portugais se sont exprimés en faveur de la légalisation de l'avortement mais, en raison d'une participation trop faible, le référendum n'a pas été validé. Les socialistes au pouvoir dans le pays ont annoncé qu'ils allaient maintenant lancer la légalisation l'avortement par voie parlementaire. Benoît XVI a critiqué lundi ce référendum en déclarant qu'aucune loi humaine ne pourrait toucher l'ordre voulu de Dieu.

Dans un pays encore fortement imprégné de catholicisme, la légalisation de l'avortement est un sujet très sensible. Le Portugal est l'un des rares pays d'Europe, avec l'Irlande, Malte et la Pologne, à limiter fortement cette pratique. Après l'échec d'un référendum sur le sujet en 1998, un nouveau vote était organisé dimanche. Parmi les votants, 59,3% se sont exprimés en faveur de la légalisation de l'avortement, contre 40,8% en faveur du maintien de l'interdiction. Mais plus de la moitié des 8,7 millions d'électeurs se sont abstenus, ce qui doit conduire à l'invalidation du référendum. Peu après les résultats, le Premier ministre socialiste, José Socrates, a jugé que, en dépit de la faible participation, les Portugais s'étaient exprimés pour la légalisation de l'avortement. "Le peuple s'est exprimé clairement", a déclaré le chef du gouvernement dans une allocution télévisée. "La loi va désormais être débattue et approuvée au parlement. Notre intérêt est de lutter contre l'avortement clandestin et nous devons rédiger une loi qui respecte le résultat du référendum", a-t-il ajouté. Les socialistes disposent de 121 sièges au parlement qui en compte 230 au total et ils peuvent compter sur le soutien de deux autres formations.Les opposants à l'avortement ont contesté cette interprétation des résultats de la consultation. "Socrates sera responsable de ce sombre chapitre de l'histoire du Portugal, en persistant dans une initiative politique qui a divisé la société portugaise", a réagi José Ribeiro e Castro, chef du Parti populaire ayant fait campagne pour le "non". "La faible participation a confirmé que (l'avortement) n'était pas une question cruciale", a-t-il ajouté.La campagne a opposé deux Portugal : l'un traditionnel et catholique, l'autre urbain, jeune et plus libéral. Les partisans du "oui" ont insisté sur les 23.000 avortements clandestins pratiqués chaque année dans le pays et que Socrates a qualifiés de "blessure la plus honteuse du Portugal". Le camp du "non" a affirmé de son côté qu'une victoire du "oui" entraînerait un accroissement du nombre des interruptions volontaires de grossesse (IVG), une augmentation des dépenses de santé et créerait un précédent susceptible de remettre en cause d'autres lois. L'Eglise catholique a également fait valoir que la légalisation de l'avortement mettrait en péril les valeurs traditionnelles. Lundi après-midi, Benoît XVI a lui aussi critiqué ce référendum en déclarant qu'aucune loi humaine ne pourrait toucher l'ordre voulu de Dieu. En vertu de la loi actuelle, une femme qui pratique un avortement illégal risque jusqu'à trois ans de prison mais la plupart des procès se sont soldés par des condamnations assorties de sursis ou des acquittements. Les socialistes proposent de dépénaliser l'avortement dans les dix premières semaines de la grossesse, un délai réduit qui laisserait le Portugal dans les rangs des pays européens les plus conservateurs dans ce domaine. Jusqu'à présent, la plupart des femmes qui souhaitaient avorter se rendaient en Espagne où l'avortement est autorisé depuis une dizaine d'années.