PMA : la stratégie double de l'exécutif

Bruno Le Roux n'a pas fâché Jean-Marc Ayrault, loin de là...
Bruno Le Roux n'a pas fâché Jean-Marc Ayrault, loin de là... © MAXPPP
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L’exécutif se sert des députés socialistes pour tester d'abord l’opinion publique sur la PMA.

Ça a l’odeur du couac, ça ressemble à un couac, mais ce n’est pas un couac. Bruno Le Roux a annoncé, vendredi matin, sa volonté de déposer un amendement sur la question de la procréation médicale assistée (PMA) au moment de l'examen du projet de loi sur le mariage homosexuel. Le chef de file des députés socialistes va en cela à l’encontre de la volonté du gouvernement.

Dans l’entourage de François Hollande, on explique en effet que "le chef de l’Etat freine des deux pieds sur ce sujet", bien qu’il figure dans ses promesses de campagne. Il estime que, pour le moment, les études réalisées auprès d’enfants de parents homosexuels pour juger de l’opportunité de cette réforme ne sont pas assez nombreuses. Et préfère repousser ce sujet à une date ultérieure, dans un second projet de loi.

Diviser pour diluer la contestation

Pas de friture sur la ligne pour autant entre Bruno Le Roux et Jean-Marc Ayrault. La sortie du député de Seine-Saint-Denis relèverait en effet, selon nos informations, de la plus pure stratégie politicienne.

Le président doute de la volonté des Français. En montant au front, Bruno Le Roux et ses troupes permettraient ainsi au gouvernement de prendre le pouls de l’opinion publique. Une sorte de ballon d’essai. Interrogé jeudi matin par Europe1.fr sur cette hypothèse, un conseiller élyséen ne dément pas. Voir un proche de Jean-Marc Ayrault incarner cette "pseudo-contestation" n’est pas non plus anodin…

Très clivant, le projet de loi sur le mariage homosexuel suscite des réticences au sein même de la majorité. Et ceux qui y sont favorables ne sont pas tous en faveur de la PMA. D’où la volonté de l’exécutif de scinder le texte en deux.

Dernier avantage : diminuer l’enjeu du premier texte offrirait moins de prise aux attaques prévisibles de la droite. Diviser pour diluer la contestation. Et s’offrir une réforme sociétale dans quelques mois permettrait en sus de remobiliser la gauche sur son terrain fétiche.

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