Pierre Laurent : "Le débat public a besoin des idées communistes"

Pierre Laurent affirme quitté son poste de secrétaire national du PCF sans rancœur.
Pierre Laurent affirme quitté son poste de secrétaire national du PCF sans rancœur. © Europe 1
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Poussé vers la sortie, Pierre Laurent cède la direction du Parti communiste au député du Nord Fabien Roussel, dimanche, mais compte s'impliquer dans la bataille des européennes.
INTERVIEW

Le Parti communiste tourne la page Pierre Laurent. Après huit ans à la tête de son parti, qui compte aujourd'hui 105.000 adhérents, le secrétaire national passe la main dimanche à Fabien Roussel, à l'issue de son congrès, à Ivry-sur-Seine. "Je pars le cœur serein. Le Parti communiste reste un parti de militants, bien ancré sur le terrain et qui sort uni de ces trois jours", assure Pierre Laurent, qui a accordé dimanche sa dernière interview en tant que leader du PCF à Europe 1.

Pas de rancœur. Poussé vers la sortie après le rejet par les adhérents du texte proposé par la direction en octobre, Pierre Laurent affirme quitter son poste "sans rancœur". "On ne voulait pas de bataille de direction. J'ai proposé de rester pour faire la transition. Les communistes ont souhaité que cela se fasse maintenant. Je n'en faisais pas une question tabou. Je ne pars pas d'ailleurs, je continuerai de jouer un rôle actif dans la direction", précise Pierre Laurent. Il se réjouit de l'émergence d'une "nouvelle génération de parlementaires, de responsables départementaux qui sont en train de prendre le parti en main", à commencer par Fabien Roussel, député du Nord de 49 ans qui lui succède.

La présidentielle 2017, un petit regret. À l'heure du changement, Pierre Laurent s'autorise un coup d’œil dans le rétroviseur et revient sur la présidentielle 2017, quand le parti s'était désisté au profit de Jean-Luc Mélenchon. "Les communistes ont mal vécu cette période-là, parce qu'on a soutenu un candidat qui ne nous a pas respectés, c'est le moins qu'on puisse dire", rappelle Pierre Laurent. Pour autant, il continue de penser qu'il a fait le bon choix en ralliant La France insoumise. "On l'a fait parce qu'on avait conscience de nos responsabilités. On voulait à tout prix éviter un second tour Macron-Le Pen, et on voit d'ailleurs dans quelle situation ça met le pays aujourd'hui."

Pierre Laurent estime par ailleurs que ce moment difficile a fait grandir le PCF. "Jean-Luc Mélenchon n'a pas joué le jeu, les communistes en ont gardé de l'amertume et veulent mener différemment les batailles à venir", note-t-il. "Le débat public a besoin des idées communistes car on se pose la question d'un autre mode de développement que le capitalisme mondialisé actuel", insiste Pierre Laurent. "Mais évidemment, les communistes n'abandonnent pas leurs ambitions de rassemblement. On sait que les victoires doivent se construire avec d'autres. Mais cela doit se faire dans le respect mutuel et cela n'a pas été le cas lors de la fin du Front de gauche."

La tête tournée vers les européennes. Même s'il ne dirige plus le PCF, Pierre Laurent compte bien s'impliquer dans les élections européennes, dont la campagne démarre doucement. Crédités de 6% en 2014, les communistes veulent faire mieux l'an prochain, guidés par l'élu parisien Ian Brossat. "L'objectif, c'est de peser au Parlement. Nous travaillons beaucoup à unir les gauches européennes. Il y a beaucoup de batailles sociales, écologiques et démocratiques à mener en Europe", assure Pierre Laurent, qui fait aussi part de ses inquiétudes : "Quand on voit les alliances de Marine Le Pen avec des mouvements d'extrême droite très dangereux en Allemagne, en Italie, en Autriche, je me dis que nous ne sommes pas à l'abri du retour d'heures sombres en Europe".