Pierre Bodein, prisonnier pour 30 ans au minimum

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les jurés de la cour d'assises du Bas-Rhin ont condamné mercredi après-midi Pierre Bodein à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine incompressible de 30 ans pour trois meurtres, deux viols et deux enlèvements. C'est la plus longue peine prévue par le Code pénal. En revanche, ses 16 coaccusés ont tous été acquittés. Ils risquaient entre 3 et 30 ans de prison.

La réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine incompressible de 30 ans, c'est le verdict de la cour d'assises du Bas-Rhin concernant le cas de Pierre Bodein, soit la plus lourde peine prévue par le Code pénal. Il aura donc fallu 30 heures consécutives aux jurés pour délibérer et suivre finalement les réquisitions de l'avocat général le concernant. Celui que l'on surnomme "Pierrot le fou" est âgé de 59 ans, sa peine dite incompressible signifie qu'il ne pourra pas sortir de prison avant une période de trente ans. La surprise de ce délibéré est venu en fait du sort réservé aux 16 co-accusés de Pierre Bodein : ils ont tous été acquittés alors que le ministère public avait requis contre eux entre 3 et 30 ans de prison. Chemise blanche, costume noir et cheveux grisonnants en catogan, cela faisait trois mois que Pierre Bodein comparaissait devant les assises du Bas-Rhin. Trois mois que celui que l'on surnomme "Pierrot le fou" prennait la parole régulièrement, avec un ton tantôt mielleux, tantôt vindicatif, pour démontrer à la cour qu'il était innocent et qu'il était la victime d'un complot. Les faits qu'on lui reprochait sont, eux, implacables : le meurtre de Jeanne-Marie 10 ans, Julie 14 ans et Hedwige 38 ans, le viol des deux plus jeunes et deux autres tentatives d'enlèvements en 2004 en Alsace. Pendant l'énoncé du verdict, Pierre Bodein est resté impassible. L'avocat général avait demandé la semaine dernière, après un réquisitoire de huit heures, "une peine d'élimination, de retrait de la société". L'ADN de certaines victimes a été retrouvé sur plusieurs objets personnels de Pierre Bodein. Toutes les jeunes filles ont été assassinées dans des circonstances similaires avec la même violence, le même acharnement. Le sort des 16 co-accusés de Pierre Bodein était plus incertain, faute de preuves matérielles indiscutables. Les jurés ont choisi de tous les acquitter, en ne suivant pas notamment les témoignages des enfants du village et les dénonciations mutuelles qu'avaient fait ces accusés avant de se rétracter. Hommes et femmes, vieux et jeunes, les Fuhrmann et les Remetter font partie de deux clans de vanniers, des nomades sédentarisées, cousins de Pierre Bodein, qui vivaient comme des parias dans des petits villages alsaciens. Tous n'étaient pas été poursuivis pour les mêmes raisons : il y a d'un côté ceux qui auraient vu un crime, celui de Jeanne-Marie, mais n'auraient rien dit et de l'autre côté, ceux qui auraient participé directement au meurtre et au viol de la petite fille. L'avocat général avait requis contre ces accusés "frustres et pour certains à la limite de la débilité" entre trois ans de prison avec sursis et 30 ans de réclusion criminelle. Ils ont tous été remis en liberté à l'issue de l'audience. Me Philippe Kempf, l'avocat de la famille de Jeanne-Marie, a lui exprimé sa déception : "C'est une décision qui s'explique par le doute et le doute, c'est le pire pour la famille. Qu'est-ce qui est arrivé à Jeanne-Marie ? Ils ne le sauront pas". L'avocat de Pierre Bodein, Me Marc Vialle, avait prévenu lors de sa plaidoirie que son client ferait appel en cas de condamnation.