Perpétuité requise pour Pierrot le fou

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Une peine de réclusion criminelle à perpétuité incompressible a été requise à Strasbourg à l'encontre de Pierre Bodein, ainsi que des peines de 3 à 30 ans de prison contre ses 16 co-accusés. "Pierrot le fou" comparaissait pour meurtres, viol, tentatives de viol et d'enlèvement sur plusieurs jeunes filles.

L'avocat général a demandé aux jurés de la cour d'assises du Bas-Rhin "une peine d'élimination" à l'encontre Pierre Bodein "au regard de la monstruosité de ses actes" à l'issue d'un procès fleuve. Le magistrat a estimé ce repris de justice de 59 ans coupable des meurtres de Jeanne-Marie Kegelin, 10 ans, Julie Scharsch, 14 ans et Hedwige Vallée, 38 ans, ainsi que du viol des deux premières et d'une tentative d'enlèvement sur deux autres adolescents. Il a donc demandé une peine de réclusion criminelle à perpétuité incompressible. "Sa responsabilité pénale est entière", a déclaré Olivier Bailly, estimant au terme d'un réquisitoire de près de huit heures partagé avec sa collègue Manon Brignol, que le surnom de "Pierrot le fou" n'avait plus lieu d'être. Il s'est dit également convaincu de la complicité des Fuhrmann et des Remetter, un clan de nomades sédentarisés à la personnalité "fruste et pour certains à la limite de la débilité", s'agissant du meurtre et du viol de Jeanne-Marie. Cinq sont accusés de meurtre, de viol ou de séquestration. Les onze autres sont poursuivis pour non-assistance à personne en danger ou pour non-dénonciation de crime. Olivier Bailly a ouvert son réquisitoire en évoquant "le sourire franc et malicieux" de la petite fille portant son cartable sur le dos sur la photo projetée lors d'une audience. "Avec mes 15 ans de métier, je peux vous assurer que c'est un moment difficile", a-t-il avoué aux jurés, la voix étranglée par l'émotion. Jeanne-Marie, comme les deux autres victimes tuées en l'espace d'une semaine, en juin 2004, avait été retrouvée "vidée comme un gibier", éventrée et les organes génitaux mutilés, dans un ruisseau proche du lieu de résidence de Pierre Bodein. Celui qui se définit comme un "braqueur par pauvreté" et un "amoureux de la faune sauvage" n'a rien avoué mais a été confondu par de nombreux indices matériels dont l'ADN des victimes. Ses co-accusés ont en revanche tout reconnu, jusqu'à l'invraisemblable, avant de se rétracter sans qu'une preuve irréfutable ait été trouvée contre eux. Pierre Bodein, tout de noir vêtu, a, comme à son habitude, attentivement suivi le réquisitoire, hochant la tête en signe de dénégation ou protestant à chaque mise en cause de son innocence. Ses co-accusés sont tout aussi habituellement restés tête baissée ou regardant de côté. Des peines de 3 à 30 ans de prison ont été requises à leur encontre.