ÉDITO - Péages urbains : "Arrêtez avec les bonnes idées, on ne peut plus les payer !"

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Jean-Michel Aphatie, édité par Anaïs Huet , modifié à
Vendredi matin, Jean-Michel Aphatie a profité de sa chronique pour s'adresser directement au gouvernement, qui envisage de créer une nouvelle taxe via des péages urbains à l'entrée des grandes villes.

>> Les habitants des villes de plus de 100.000 habitants et ceux qui y travaillent pourraient bientôt être obligés de payer un droit d'entrée pour accéder au centre-ville en voiture, selon le projet de loi d'orientation sur les mobilités qui doit être présenté en Conseil des ministres le mois prochain même si, pour l'heure, aucune ville ne semble intéressée. Dans son édito de vendredi, Jean-Michel Aphatie s'agace de voir qu'une énième taxe pourrait bientôt être imposée aux Français.

"C'est sans doute une idée dans l'air du temps. Plusieurs villes européennes, comme Londres par exemple, pratiquent les péages urbains. Si on est précis avec le projet gouvernemental, il faudra faire voter et prendre des dispositions. La question peut se poser d'ici deux-trois ans, car le gouvernement ne veut pas rendre cela obligatoire, mais ce sont les villes qui le feront sur la base du volontariat. Il faut noter, et c'est amusant, que la plupart des maires des grandes villes ont dit jeudi qu'ils ne le feront jamais. Mais laissons passer les élections municipales de 2020, et on en reparlera.

C'est une bonne idée, car réduire le nombre de voitures dans les villes, c'est baisser la pollution atmosphérique, c'est baisser la pollution sonore. On peut tous constater que, dans les villes, quand les places et les rues sont rendues aux piétons et aux cyclistes, c'est très agréable.

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Entendu sur europe1 :
Entre les impôts et les taxes, on compterait 500 sources de prélèvements en France. Il y a des taxes sur tout et n'importe quoi

Le problème du péage urbain, c'est que c'est une taxe. Et des taxes, en France, on en a déjà beaucoup. Entre les impôts et les taxes, on compterait 500 sources de prélèvements en France. Il y a des taxes sur tout et n'importe quoi. La taxe sur les droits de plaidoirie dans les tribunaux, par exemple, est la plus vieille taxe de France, elle date de 1667, sous Louis XIV, et elle est toujours présente.

La multiplication de ces taxes a une conséquence, c'est que cela prend de l'argent dans la poche des Français. Un rapport de la commission des finances de l'Assemblée nationale, au début de la semaine, a établi que la totalité des impôts et des taxes ont conduit à un prélèvement de plus de 1.000 milliards en 2017. C'est un record, on n'avait jamais franchi cette barre. 43 milliards de plus en 2017 qu'en 2016. Là, ras-le-bol des taxes !

Entendu sur europe1 :
On a beaucoup de bonnes idées, mais quand il y a une bonne idée, il y a toujours une taxe

Le gouvernement prévoit encore d'autres taxes : sur les poids lourds (une concertation commence aujourd'hui), le ministre de la Culture veut taxer les téléphones portables et les tablettes pour ceux qui regardent la télévision par ce biais, et Brune Poirson, secrétaire d'Etat à l'Ecologie, veut faire une taxe sur les paquets de cigarettes pour payer le ramassage des mégots.

On a beaucoup de bonnes idées, mais quand il y a une bonne idée, il y a toujours une taxe. On va donc dire solennellement au gouvernement vendredi matin : arrêtez avec les bonnes idées, parce qu'on ne peut plus les payer !"