Patrice Duhamel : "Hollande veut revenir"

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A.D
Les récentes critiques de l'ancien président envers Macron sont le signe, d'après le journaliste, de l'envie puissante de François Hollande de faire un retour au premier plan de la scène politique.
INTERVIEW

Avec des critiques sur la suppression des emplois aidés et de la réforme de l'impôt sur la fortune, François Hollande n'a pas manqué de critiquer cette semaine la politique de son successeur. Bien qu'en retraite, l'ex président de la République ne semble pas pour autant en retrait de la politique. Patrice Duhamel, journaliste politique, ancien directeur général de France Télévisions, était l'invité de l'émission C'est arrivé demain pour éclairer sur ce phénomène récurrent des anciens présidents de la Ve République.

"Une abdication". Les critiques frontales adressées à Macron sont l'illustration que François Hollande, "comme d'autres de ses prédécesseurs et sans doute de ses successeurs, supporte mal de ne plus exercer le pouvoir. Le caractère inédit, c'est que 'ces jours d'après' ont commencé quand il était à l'Elysée. Il lui restait cinq mois encore", quand il annoncé qu'il ne se représenterait pas. "Ça a été une abdication", estime le journaliste.

Entendu sur europe1 :
Hollande veut incarner la gauche entre Macron et Mélenchon.

"Hollande est furieux". Autres points que François Hollande partage avec d'autres présidents, selon Patrice Duhamel : "il a du mal à supporter le successeur et il veut absolument que le bilan de son action, c'est humain, soit réhabilité. Je pense que par rapport à d'autres grands dirigeants, ça veut aussi dire qu'il va revenir et qu'il veut revenir". Mis à part ceux qui n'étaient "plus en état physique de revenir - de Gaulle, Mitterrand, Chirac à la fin - tous les autres veulent revenir." Par ailleurs, Hollande est "furieux" puisque son action est directement pointée du doigt : il ne supporte pas "qu'il y ait une utilisation politique du rapport de la Cour des comptes, qu'on ait taillé en pièces son héritage, qu'on l'ait mis en cause sur les APL." Les sorties verbales de l'ancien président, sont donc "le signe évident qu'il va revenir le plus vite possible et qu'il veut incarner la gauche entre Macron et Mélenchon", martèle le spécialiste.

Un "monarque républicain", déchu et romanesque. Le fait est que ce qui caractérise l'après mandat est un "vide" abyssal ressenti par les anciens hommes de pouvoir, ce qui donne lieu à des activités très romanesques. Patrice Duhamel raconte de Gaulle sur les plages d'Irlande ou Giscard partant en retraite dans un monastère grec. Ce vide dure d'après lui plus que les fameux 100 jours du successeur. S'ajoute au vide, "un sentiment d'injustice très fort" et un "non-dit", un grand écart entre ce qu'ils disent, faignant de faire croire au soulagement et la réalité, l'envie de revenir. Ce trait fait de l'ancien politique un "monarque républicain".