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Le ministre de l'Économie a réagi lundi à l'interview d'Emmanuel Macron durant laquelle le président a assuré qu'il n'y aurait pas de nouvel impôt. Il dévoile les pistes qui permettraient de "réduire la pression fiscale des Français".
INTERVIEW

C'est une promesse qu'a renouvelée Emmanuel Macron dimanche soir : la fiscalité des Français n'augmentera plus d'ici la fin de son quinquennat. "C'est un message très important qui a été passé : pas de nouvel impôt. Je ne cesse de le répéter depuis des semaines voire des mois", a réagi lundi Bruno Le Maire au micro d'Europe 1, estimant même que le cap à tenir devait être celui d'une "réduction de la pression fiscale sur les Français".

Privatiser pour alléger la dépense. "On peut encore réduire la dépense publique. Nous y travaillons avec Gérald Darmanin, nous ferons des propositions au président de la République et au Premier ministre sur un, deux ou trois chantiers sur lesquels nous pouvons réduire davantage la dépense publique", a expliqué le locataire de Bercy. Et parmi les pistes évoquées pour alléger cette dépense, les privatisations sont "une possibilité de récupérer des actifs de l'État qui sont aujourd'hui immobilisés pour les placer dans l'investissement, dans l'innovation", indique le ministre.

Et Bruno Le Maire de citer un exemple : "Je donne juste un chiffre : la part de l'État dans Aéroports de Paris représente 9 milliards d'euros environ. Ces 9 milliards produisent 140 à 150 millions d'euros de dividendes chaque année, pas plus. Et on immobilise 9 milliards d'euros. Est-ce qu'il ne serait pas plus utile de les prendre et de les mettre dans le financement de l'innovation de rupture, de la recherche sur l'intelligence artificielle ou sur le stockage de données ? Est-ce que l'argent de l'État ne serait pas mieux employé comme ça ?", interroge Bruno Le Maire. 

Une privatisation sous encadrement. Anticipant d'éventuelles critiques qui pourraient invoquer la mission de service public qui incombe à l'Etat pour tordre le cou à sa démonstration, le responsable gouvernemental assure que la privatisation n'implique pas nécessairement une dérégulation. "Pour moi, la mission de l'État, c'est d'abord les services publics, les activités de souveraineté nationale, la défense de l'ordre public économique, mais ça n'est pas nécessairement la présence dans des entreprises où le secteur privé pourrait faire aussi bien avec un encadrement et une régulation. Ça vaut pour la Française des Jeux, pour Aéroports de Paris...", argue-t-il. "Je pense qu'il y a d'autres façons de garantir les intérêts publics : la régulation. Vous régulez les tarifs, les trafics aériens, vous contrôlez la sécurité, les frontières et les douanes, la présence de l'État est garantie, les missions de service public sont garantis, mais vous n'immobilisez pas 9 milliards d'euros, qui sont 9 milliards des contribuables", fait-il encore valoir.

Refonte de la fiscalité locale. Autre manière d'alléger la pression fiscale : "flécher un impôt national existant vers les collectivités locales", explique Bruno Le Maire, bien qu'Emmanuel Macron a indiqué dimanche qu'"il n'y aur[ait] pas de création d'un nouvel impôt local". Bruno Le Maire rappelle enfin que le président de la République a promis de remettre à plat la fiscalité des territoires, ce qui pourrait également permettre à l'Etat de faire des économies. "Il y a la refonte de la fiscalité locale sur laquelle MM. Richard et Bure travaillent. Ils nous remettront leurs conclusions d'ici quelques semaines", précise-t-il.

La fonction présidentielle mise à mal ?

Il n'a pas forcément apprécié l'exercice. Si l'interview d'Emmanuel Macron dimanche soir s'est démarquée par la pugnacité des deux intervieweurs, Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, Bruno Le Maire déplore lundi, à mi-mots, la mise à mal de l'aura présidentielle. "La désacralisation c'est pas trop mon truc", avoue-t-il à Europe 1." Je pense qu'un président de la République occupe une fonction imminente, qu'il incarne tous les Français, après c'était le jeu de ce débat, de cette interview, donc c'était prévisible", commente-il.

"C'était animé. Il y a eu de vrais échanges et parfois un vrai combat politique. J'ai trouvé le président de la République sincère et convaincant. Un certain nombre de messages importants ont pu être passés", reconnaît toutefois le ministre de l'Economie. "Mais je suis attaché au respect que l'on doit à mon sens au président de la République française", répète-t-il.