Paroles de Français : chômage et fermetures des commerces inquiètent les Roannais

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Martin Feneau édité par C.O. , modifié à
ÉPISODE 1 - Jusqu'au second tour de la présidentielle, Europe 1 pose ses valises à Roanne, une ville de 35.000 habitants qui a voté comme l’ensemble de la population française au premier tour.
REPORTAGE

Roanne est une ville témoin. Ici, les 35.000 habitants ont voté comme l'ensemble de la population française au premier tour de la présidentielle. Dans cette commune de la Loire, Emmanuel Macron est ainsi arrivé en tête au premier tour avec 24,7 % des voix (contre 23,9% à l’échelle nationale), Marine Le Pen y a fait le même score qu'en France : 21,4 %. Les autres résultats sont quasi identiques aux scores nationaux. Europe 1 a choisi de vous y emmener pour prendre le pouls des électeurs roannais chaque jour jusqu'au second tour.

Le vote Le Pen dans les quartiers sensibles. Cette ville, située à une centaine de kilomètres de Lyon est une ancienne cité industrielle où coule la Loire. Le centre est un enchevêtrement de ruelles pavées, des maisons de trois étages. On trouve aussi quelques barres HLM en périphérie. "Emmanuel Macron fait des bons scores sur les quartiers favorisés", observe le maire Yves Nicolin. "Mais dans les quartiers sensibles, il y a une prédominance Marine Le Pen. On voit bien un vote protestataire très fort".

"La rue de la mort". Un vote qui répond à plusieurs inquiétudes et notamment à une peur de voir disparaître peu à peu les petits commerces du centre-ville. "Si tu prends cette rue, il y a une quarantaine de boutiques, quatorze sont fermées. C'est la rue de la mort", pointe Martial, un habitant assis en terrasse près d'une fontaine. "C'est symptomatique de Roanne. Dans les quatre artères de la ville, tu as 30 % de commerces fermés. Ce qu'on aimerait, c'est les voir ouverts".

Les usines ont fermé. Autre sujet d'inquiétude, le chômage qui touche 10 % de la population. Thierry et Véronique, deux natifs de Roanne, rappellent combien, dans les années 1990, l'industrie textile était florissante. Les ouvriers fabriquaient de la lingerie pour des grands groupes de vêtements. Mais depuis, les usines ont fermé. "Il n'y a plus de travail. Comment voulez-vous que les gens vivent et dépensent de l'argent. Ce n'est plus vivable", souligne Thierry. "Tout a fermé, tout est parti, ça se ressent. Le travail, c'est ce qu'il y a de plus dur", ajoute Véronique.

Les jeunes quittent la ville. Chez les habitants, cela se traduit par une peur de déclin. D'ailleurs, les jeunes quittent la ville. L’université roannaise forme 1.000 étudiants chaque année au management par exemple, mais ils vont travailler ailleurs. En 30 ans, la population ici a diminué de plus d’un tiers.

  • Des résultats quasi identiques

24,7 % des Roannais ont glissé un bulletin Emmanuel Macron dans l'urne lors du premier tour de l'élection présidentielle. 21,4 % d'entre eux ont voté Marine Le Pen. Ils sont 19,9 % à avoir choisi François Fillon, 19,5 % Mélenchon, 6,2 % Benoit Hamon et 4,7 % Nicolas Dupont-Aignan.

En comparaison, en France, le candidat d'En Marche ! a recueilli 23,9 %, la présidente du FN 21,4 %, le candidat de la droite 19,9%, le leader de la France insoumise 19,6 %, Benoit Hamon, 6,4% et Nicolas Dupont-Aignan 4,4% des suffrages.