Parlement européen : qui sont les nouveaux alliés de Marine Le Pen ?

Marine Le Pen pose avec ses nouveaux alliés, à Strasbourg.
Marine Le Pen pose avec ses nouveaux alliés, à Strasbourg. © EMMANUEL DUNAND / AFP
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La présidente du FN a convaincu 25 élus europhobes de sept nationalités différentes de s'unir à elle.

"C'est un jour historique. Nous sommes sept pays unis contre la Commission européenne". Janice Atkinson, ancienne du parti britannique Ukip, est heureuse. Cette nouvelle alliée de Marine Le Pen participera au nouveau groupe baptisé "Europe des Nations et des Libertés", annoncé en grandes pompes par la présidente du Front national, mardi à Strasbourg.

Après un an de tractations, Marine Le Pen a donc réussi à convaincre au moins 25 élus europhobes de sept nationalités différentes de s'unir à elle pour peser davantage dans l'hémicycle. Europe 1 vous présente les nouveaux alliés du FN au Parlement européen.

• PVV (Parti pour la liberté, Pays-Bas)

C’est l’allié de la première heure du Front national. C’est en effet Marine Le Pen et Geert Wilders, dirigeant et fondateur du PVV néerlandais, qui ont lancé en novembre 2013 un appel commun aux autres partis populistes européens. Conservateur et libéral, le PVV a surtout un credo, qui vire parfois à l’obsession : lutter contre l’Islam. Cela a valu à son fondateur plusieurs dérapages mémorables.

En mars 2008, Geert Wilders diffuse sur le Net un film de 17 minutes violemment anti-musulman, Fitna. Très critiqué, l’homme choisit l’offensive. "Je le dis de manière plus claire : ma culture est meilleure que la culture islamique. Nous ne traitons pas les femmes, les homosexuels, les relations politiques au sein de la société, comme cette culture attardée", déclare-t-il dans Le Figaro en mars 2008. Quelques jours plus tard, il compare le Coran à Mein Kampf et réclame l’interdiction du livre sacré de l’islam dans son pays.

• La Lega Nord (Ligue du Nord, Italie)
 
 Peut-être le plus connu des alliés du FN, puisqu’il a un temps été associé au pouvoir dans différents gouvernements de Silvio Berlusconi. Si la raison d’être de la Ligue du Nord est, comme son nom l’indique, de réclamer l’autonomie des régions du nord du pays, son positionnement idéologique à l’extrême droite ne fait guère de doute.

Et c’est la ministre italienne de l’Intégration Cecile Kyenge, originaire du Congo, qui en a fait les frais en 2014. Première ministre noire de l’histoire en Italie, elle est rapidement devenue la cible favorite de la Ligue du Nord. Parfois jusqu’au dérapage. En juillet 2013, Roberto Calderoli, vice-président du Sénat, lâchait ainsi lors d’une réunion de son parti : "Cecile Kyenge fait bien d'être ministre mais peut-être devrait-elle le faire dans son pays. J'aime les animaux (...) mais quand je vois les images de Kyenge, je ne peux m'empêcher de penser à des ressemblances avec un orang-outan, même si je ne dis pas qu'elle en soit un".

• KNP (LaNouvelle droite, Pologne)

Créé en 2011 pour rompre avec Janusz Korwin-Mikke, le leader historique et fondateur de l'Union de la politique réelle, le KNP est libertarien pour les questions économiques et conservateur pour les questions sociales. Il est par exemple, comme le Front national, favorable au rétablissement de la peine de mort et hostile au mariage homosexuel. Mais si Marine Le Pen a accepté de travailler avec eux, c'est parce qu'ils ont "clairement rompu" avec Janusz Korwin-Mikke, a-t-elle tenu à préciser.

• FPÖ (Parti de la liberté, Autriche)

Le FPÖ autrichien n’est pas non plus un inconnu. Une notoriété qu’il doit en grande partie à son ancien leader, mort en octobre 2008 dans un accident de voiture, Jörg Haider. L’homme, qui n’hésitait pas à faire l’éloge de la politique de l’emploi du Troisième Reich ou à vanter les mérites de la Waffen-SS, avait porté son parti jusqu’au pouvoir, associé à la droite, en 2000.

Depuis la mort de son leader emblématique, qui avait passé la main quelques années avant, le positionnement nationaliste, anti-islam, voire xénophobe du FPÖ, désormais dirigé par Heinz-Christian Strache, ne s’est pas démenti. Dernière provocation en date : le 29 octobre 2013, lors de la première session du Parlement autrichien après les élections législatives, tous les élus du FPÖ ont arboré un bleuet sur leur boutonnière. Pour célébrer un mouvement libéral datant de 1848, jurent-ils. Mais personne n’a oublié que cette fleur était portée par les élus nazis autrichiens au Parlement jusqu’en 1933, en lieu et place de la croix gammée, alors interdite dans l’enceinte.

Par ailleurs, le bal annuel du FPÖ, où se mêlent allègrement négationnistes et nostalgiques du Troisième Reich, défraie régulièrement la chronique. Marine Le Pen, très critiquée pour s’y être rendue en 2012 en qualité d’invitée d’honneur, en sait quelque chose.

Vlaams Belang (Belgique)
 
Dans quelle langue vont bien pouvoir dialoguer Marine le Pen et les leaders du Vlaams Belang, le parti flamand séparatiste? D’un côté, la présidente du FN ne parle pas le néerlandais. De l’autre, les dirigeants du VB sont violemment anti-francophones. Le parti d’extrême droite prône ainsi, outre ses positions anti-immigration et anti-islam, l’interdiction pure et simple de la langue française sur le territoire flamand.

Mais ce que veut prioritairement le Vlaams Belang, c’est, au nom du nationalisme pan-néerlandais, l’indépendance de la Flandre. Et de toute la Flandre, donc également de sa partie française. Cela devrait en toute logique plaire moyennement plaire au final au Front national.

• Une ex de l'Ukip (Grande-Bretagne)

Après avoir convaincu les deux députés polonais de la rejoindre, Marine Le Pen avait encore besoin d'un élu d'un autre pays. Elle l'a trouvé en la personne de Janice Atkinson, ancienne du parti britannique Ukip dont elle avait été exclue en mars. Elle devient ainsi la 37e membre du groupe "Europe des Nations et des Libertés", le huitième constitué au sein du Parlement élu en 2014, et le second labellisé europhobe et anti-immigration, avec "Europe de la liberté et de la démocratie directe" (ELDD, 46 membres), bâti autour de l'Ukip de Nigel Farage et du mouvement italien Cinq étoiles de Beppe Grillo.