Pacte de responsabilité : la gauche du PS gênée aux entournures

Jérôme Guedi, Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann, du courant Maintenant la gauche, font partie des élus socialistes piégés par le pacte de responsabilité voulu par François Hollande.
Jérôme Guedi, Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann, du courant Maintenant la gauche, font partie des élus socialistes piégés par le pacte de responsabilité voulu par François Hollande. © MAXPPP
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Rémi Duchemin, avec agences , modifié à
VIDEO - Le gouvernement Ayrault engagera sa confiance sur ce sujet. Ce qui met certains parlementaires dans l'embarras.

On a connu l’aile gauche du PS plus virulente. Pourtant, le pacte de responsabilité proposé aux entreprises par François Hollande, qui en a précisé les contours mardi lors de sa grande conférence de presse, a théoriquement tout pour la faire bondir de son siège. Des milliards d’allègement de charges aux entreprises, avec des contreparties encore floues, voilà qui aurait dû déclencher un feu nourri de la part de parlementaires qui, d’habitude, ne se gênent pas. Mais François Hollande a annoncé qu’il engagerait la confiance du gouvernement sur ce sujet. Et ça change tout.

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Ils voteront la confiance. Voilà donc l’aile gauche coincée sur le pacte de responsabilité. "Je le voterai, parce que le gouvernement engagera sa confiance. Donc, si je ne vote pas la confiance au gouvernement, je renverse le gouvernement", explique ainsi Pascal Cherki à Europe 1.  "Non, je n’ai pas l’air d’avoir le bras tordu. Le rôle d’un député socialiste, c’est d’accompagner le gouvernement, même dans ses échecs. S’il y a beaucoup de ‘folledinguerie’, là je réfléchirai. Mais pour l’instant, je voterai, même si ça ne me convainc pas", poursuit, dans les couloirs de l’Assemblée, ce membre d’"Un monde d’avance", le courant de Benoît Hamon.

Devant l'Assemblée nationale le Premier ministre "aura une majorité surtout s'il engage sa responsabilité", mais "entre un vote acquis et une adhésion idéologique il y a une marge", prévient de son côté Laurent Baumel, député PS, un des animateurs du collectif de la "Gauche populaire".

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"Cadenasser la majorité parlementaire". Ils voteront la confiance, donc, mais cela n’empêche pas certains de se sentir, et de se dire, piégés. Cette procédure démontre que ce que propose François Hollande "ne va pas de soi. C'est une disposition dans la Constitution destinée essentiellement à cadenasser la majorité parlementaire", a ainsi pesté mercredi devant des journalistes le député PS, Jérôme Guedj, du courant "Maintenant la gauche". Si le président, "l'annonce tout de suite, ajoute-t-il, c'est qu'il est parfaitement conscient que cela provoque le débat à l'intérieur de la majorité".

"Entre les convictions des uns et l'obligation de loyauté des autres, le président de la République a choisi l'injonction à la loyauté", abonde le député Pouria Amirshahi, membre d’"Un Monde d'avance". L’élu des Français de l’étranger a déploré qu'en décidant l'engagement de responsabilité du gouvernement, François Hollande oblige d'une certaine façon "une partie de son camp à voter contre ses propres opinions".

Les contreparties, nouvel enjeu. Alors, pour ne pas totalement se murer dans le silence, les députés de l’aile gauche du PS insistent sur les contreparties qui seront demandées aux entreprises en échange des allègements de charges. Emmanuel Maurel, animateur de "Maintenant la gauche", entend ainsi proposer à la direction du Parti "une sorte de conférence  nationale" du PS pour traiter "de la question spécifique des contreparties" en termes de rémunération et d'embauche, des contreparties qui soient "dignes des attentes de nos électeurs". François Hollande "a été très précis sur les avantages qui seraient donnés au patronat, mais très flou sur les contreparties. A partir d'aujourd'hui s'engage une grande bataille sur les contreparties pour les salariés", a prévenu le conseiller régional d’Ile-de-France.  

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