Paca, Nord : et si les régionales avaient été des législatives

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Martin Lange et Flavien Ramonet avec Antonin André , modifié à
Avec les résultats obtenus aux régionales des 6 et 13 décembre derniers, le FN aurait vu l'élection de plus d'une vingtaine de députés dans le Nord et en Paca. 

A quoi ressemblerait l’Assemblée Nationale aujourd’hui en cas de dissolution ? C’est la question à laquelle nous avons voulu répondre, suite aux résultats des élections régionales les 6 et 13 décembre. Dans les deux régions phares du Front National que sont le Nord-Pas-de-Calais–Picardie et la Provence-Alpes-Côte d’Azur, les résultats accentuent les tendances observées maintenant depuis trois ans: victoire de la droite, écroulement de la gauche, irruption du FN.

  • Région Nord : une hécatombe pour la gauche         

Dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, la gauche possédait, à l’issue des législatives de 2012, 30 députés, contre 20 pour la droite et aucun pour le Front National. Selon nos estimations, la gauche n’arriverait à en conserver que 5. La droite grimperait à 34 ou 35 députés. Le FN, quant à lui, obtiendrait 10 à 11 nouveaux députés dans la région.

Dès le premier tour, la gauche serait éliminée de 16 de ses circonscriptions, notamment celle de la députée Europe-Ecologie Barbara Pompilli. Seuls 14 de ses candidats seraient présents au second tour, alors qu’elle était présente dans chacune des 50 circonscriptions de la région en 2012.

Le FN, quant à lui, aurait été présent dans tous les seconds tours. Il est arrivé en tête dans 43 circonscriptions (en 2012, seuls deux candidats frontistes y étaient parvenus), il est notamment en tête partout dans le Pas-de-Calais, la Somme et l’Aisne.

Dans la circonscription d’Hénin-Beaumont, où en 2012 Jean-Luc Mélenchon était venu affronter Marine Le Pen dans son fief, et où cette dernière avait perdu le second tour d’un cheveu, cette fois, le FN l’emporterait dès le premier tour.

A l’issue du second tour, la gauche disparaîtrait complètement des radars dans les départements du Pas-de-Calais, de l’Aisne et de l’Oise. Elle perdrait 9 duels sur 14 contre le FN et les deux triangulaires de la région. Le ministre des transports, Frédéric Cuvillier, en ferait les frais dans sa circonscription.

Le FN n’obtient d’ailleurs des députés que lorsque celui-ci se retrouve en duel face à la gauche au second tour (sauf dans la 3e circonscription de l’Aisne, où l’issue est incertaine entre la droite et le FN, une centaine de voix séparant à priori les deux camps). Il gagnerait notamment les circonscriptions de Lens, Outreau et Dunkerque.

Enfin, la droite gagnerait tous les seconds tours où elle est présente.

La gauche subirait ainsi une hécatombe dans cette région ouvrière qui lui était historiquement fidèle.

  • Paca : Jusqu’à 12 députés pour le FN

En Provence Alpes Côte d’Azur, autre région où la percée FN s’est particulièrement fait ressentir, les résultats sont encore plus impressionnants. Le FN emporterait entre 11 et 12 circonscriptions dont deux dès le premier tour ! Celle de Marion Maréchal Le Pen dans le Vaucluse mais aussi la douzième circonscription des Bouches-du-Rhône. Dans le Var, par exemple, David Rachline, le maire de Fréjus, pourrait faire son entrée dans l’hémicycle.

A première vue, face à cette vague bleu marine, la gauche apparait la plus submergée. Elle ne parviendrait à sauver que 5 à 6 circonscriptions sur les 14 qu’elle possède actuellement. Pire encore, elle ne serait présente que dans 7 duels pour 35 éliminations dès le premier tour. La droite s’en sortirait donc mieux, avec 26 députés contre seulement un de plus en 2012. Mais ce succès serait en trompe-l’œil puisque les Républicains perdraient 6 circonscriptions au profit du FN contre seulement 3 pour le Parti socialiste.

Au niveau géographique, c’est l’ouest du département qui semble le plus touché par la flambée frontiste. A l’est, les Alpes Maritimes et les Hautes-Alpes restent à droite tandis que les Alpes de Haute-Provence se stabilisent à gauche. Mais à l’ouest, le Var (4 sur 8), le Vaucluse (3 ou 4 sur 5) et les Bouches-du-Rhône (4 sur 16) voient le parti dirigé par Marine Le Pen s’installer massivement.

On pourrait objecter qu’historiquement, les élections législatives mobilisent plus que les élections régionales et donc que les scores du FN pourraient être amenés à baisser. Cependant, les dernières législatives ont marqué un tournant avec plus de 44% d’abstention, tandis que ces régionales ont mobilisé plus qu’à l’accoutumée. Les deux scrutins semblent donc comparables.

  • La méthode

Ces projections ont été réalisées à partir des résultats ville par ville des premiers et seconds tours des régionales de chaque circonscription des régions Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Pour certaines circonscriptions, seul un échantillon représentatif de villes a été utilisé.

Dans le cas de triangulaires ou de duels FN / gauche, pour calculer le report des voix, un coefficient a été mis au point à partir de l’évolution des voix entre les deux tours des départementales de mars dernier dans les cantons se trouvant dans les circonscriptions étudiées, lorsqu’il y a eu une configuration similaire au second tour.