Otages d'Arlit : la France a bien versé une rançon

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et Gwendoline Debono , modifié à
NÉGO - Pour s'assurer du retour des otages d'Arlit, la France aurait déboursé entre 20 et 25 millions d'euros.

La France a-t-elle dû verser une rançon pour la libération des otages retenus depuis 2010 au Niger ? La question est sur toutes les lèvres depuis l'annonce de leur libération mardi. Entre 20 et 25 millions d'euros ont été versés pour obtenir la libération des quatre Français, rentrés en France mercredi. Dans la foulée de l'annonce de leur libération mardi, Laurent Fabius avait démenti tout versement de rançon. Et l'Elysée insiste : "la France ne verse pas de rançon".

Une rançon de 20 à 25 millions d'euros. Entre 20 et 25 millions d'euros ont été versés, payés par l'Etat français, pour obtenir la libération des quatre otages. Plusieurs sources proches des négociations, à Paris et au Niger ont assuré à Gwendoline Debono, grand reporter à Europe 1, qu'"il n’y avait pas beaucoup d’options". Au Sahel, il est parfois possible de conclure des libérations sans verser un centime, notamment grâce à des échanges de prisonniers mais dans dans cette négociation, il n'y avait pas de marge de manœuvre : "les ravisseurs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) voulaient de l’argent. Ils étaient fermes sur ce point, d’autant qu’ils en avaient déjà eu", poursuit un bon connaisseur du dossier. Pour libérer ces quatre otages français, les négociateurs à la manœuvre depuis le mois de juin ont donc surtout travaillé à faire baisser la somme demandée au départ.

A l’époque, raconte un spécialiste du Sahel, les ravisseurs parlaient de 80 millions d’euros, mais cette rançon était considérée comme totalement exorbitante et inacceptable. Un accord a finalement été trouvé il y a une quinzaine de jours. Le montant se chiffre toujours en millions d’euros, mais très largement à la baisse, confie une source locale. C’est la clé du dénouement même si cela ne pourra jamais être reconnu officiellement. Il s'agit d'une question de doctrine, de différence entre la position de principe, et le principe de réalité.

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"On ne joue pas à ce jeu-là". Du côté du gouvernement, on assure que "la France ne verse pas de rançon". Sur Europe 1, Laurent Fabius, le chef de la diplomatie, a assuré mardi sur Europe 1 : "ce que je peux vous dire c'est que la France ne paye pas de rançon, c'est clair et net, c'est la position qui a été décidée et appliquée par le président français". Des propos confirmés par Jean-Yves Le Drian qui a assuré que la France "ne jouait pas à ce jeu-là".

"Un travail de liaison" avec le Niger. Selon Laurent Fabius, la libération a seulement été possible grâce "à l'action extrêmement efficace du président nigérien" Mahamadou Issoufou qui a accepté de coopérer avec la France. "C'est le travail de liaison entre le président français et le président nigérien qui a permis cette libération", a-t-il résumé. Des propos confirmés par Jean-Yves Le Drian. "Il y a eu une initiative prise par les réseaux du président Mahamadou Issoufou qui a permis une libération sans heurts", a-t-il déclaré sur TF1.

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"Un travail de fourmis". Les deux membres du gouvernement ont par ailleurs donné des détails sur le travail opéré par la France pour permettre la libération des otages. "Depuis un certain temps, on parlait avec le président Issoufou des initiatives possibles. Il y a eu de nombreuses initiatives prises, mais celle-là a bien réussi", a détaille Jean-Yves Le Drian sans plus de précisions. Cette libération a été rendue possible grâce à un "travail très long, un travail de fourmis", mais certainement pas grâce au versement d'une rançon, a abondé Laurent Fabius.

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