Oradour-sur-Glane, tout un symbole pour Hollande

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et Caroline Roux , modifié à
LA QUESTION POLITIQUE - Pourquoi reçoit-il le président allemand sur les lieux du massacre ?

L’INFO. Ce sera l’une des images fortes de la semaine. Mercredi, François Hollande et son homologue allemand Joachim Gauck se rendent à Oradour-sur-Glane, ce village de la Haute-Vienne, victime de la barbarie nazie le 10 juin 1944. Un moyen pour François Hollande de gagner en densité et de réconcilier les Français avec leur histoire.

Hollande à la recherche du cliché symboliquepar Europe1fr

Tulle a été envisagé. Empêtré dans le dossier syrien et avant un G20 sous haute tension, le président français voulait s’offrir une respiration. C’est lui qui est à l’initiative de la venue symbolique de Joachim Gauck, à qui il avait soumis l’idée lors de sa visite à Leipzig le 23 mai dernier.

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Une autre idée a effleuré l’esprit de François Hollande : proposer Tulle comme ville martyr. Mais si 99 habitants de la commune avaient été, la veille du massacre d’Oradour, pendus par la même division SS, le président français n’a pas voulu prendre le risque d’être critiqué pour avoir privilégié sa terre d’élection.

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"Les nazis d’hier ne sont pas les Allemands d’aujourd’hui". Pour Richard Jezierski, directeur du Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane, interrogé mercredi matin par Europe 1, "la visite dans le village, c’est l’élément fort et symbolique. Ensuite viendra une visite d’Etat, un discours à la population et une rencontre avec l’association des familles de martyrs, sur le parvis du Centre de la mémoire. Ce sont des gestes simples, mais forts. Cette main tendue, cette reconnaissance, c’est un travail de fond qui est important. Les nazis d’hier ne sont pas les Allemands d’aujourd’hui. C‘est une certaine forme de libération pour eux. Et nous, nous leur tendons la main en leur disant : 'faisons ce travail de mémoire ensemble'".

Réconcilier les peuples. Depuis son accession à l’Elysée, le chef de l’Etat a souvent été raillé sur le thème "il est encore Premier secrétaire du Part socialiste". François Hollande cherche donc un moyen d’inscrire son quinquennat dans l’Histoire de France. Recevoir le président allemand à Oradour-sur-Glane, c’est prendre de la hauteur, présidentialiser son image. Et aussi réconcilier les Français avec leur histoire. Le président le confie lui-même : "si on est capable de se réconcilier sur le lieu de la barbarie, rien ne pourra nous séparer". Dit autrement : on tisse, au niveau historique, des liens qui sont malmenés sur le plan économique. Ou comment faire croire que tout va bien alors que sa relation avec Angela Merkel est on ne peut plus fraîche, les deux dirigeants s’opposant sur la politique budgétaire en Europe.

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