"On est loin de la République irréprochable "

Après Michèle Alliot-Marie, c'est François Fillon qui se retrouve dans l'embarras.
Après Michèle Alliot-Marie, c'est François Fillon qui se retrouve dans l'embarras. © REUTERS
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avec Cyril Graziani , modifié à
François Fillon a reconnu qu’il avait voyagé aux frais du régime égyptien. Polémique en France.

Pour l’opposition, trop c’est trop. L’aveu assumé de François Fillon, qui a reconnu mardi dans un communiqué avoir voyagé aux frais du gouvernement égyptien au cours de ses vacances de fin d'année, provoque déjà des remous, s’ajoutant à la polémique sur les vacances tunisiennes de Michèle Alliot-Marie.

"Nous ne sommes pas loin du 'tous pourris'", a lancé mercredi Manuel Valls au micro d'Europe1. "On est très loin de cette République irréprochable que prônait Nicolas Sarkozy", a rappelé le candidat aux primaires socialistes. "Nous ne sommes pas très loin d'une crise politique majeure où les Français voudront donner un grand coup de pied dans la fourmilière", a ajouté Manuel Valls.

"Cela favorise l'abstention, le dégoût de la politique, la montée des extrémismes, et évidemment la montée de l'extrême droite", a-t-il prévenu. "Dans une République normale, Michèle Alliot-Marie ne serait plus ministre des affaires étrangères", a-t-il assuré.

Une affaire "très grave"

Réagissant depuis le Forum social mondial à Dakar, la première secrétaire du PS Martine Aubry a fait part de sa "consternation". "On voit jour après jour combien le gouvernement a perdu le sens de l'esprit public", a-t-elle lancé.

Benoît Hamon, le porte-parole du PS, a qualifié quant à lui l’affaire de "très grave". Le député socialiste Jean-Louis Bianco s’est, lui, offusqué sur Europe 1 du manque de "vigilance" des ministres du gouvernement Fillon.

"Ce n'est plus un gouvernement, c'est une escadrille !", s'est exclamé le député PS Jean-Marie Le Guen au micro d'Europe 1. Pour lui, cette nouvelle révélation éclaire sous un jour nouveau le soutien de Nicolas Sarkozy et François Fillon à Michèle Alliot-Marie.

"Nous sommes écœurés de cette absence de respect" :

Fillon "n'a pas cinq semaines de congés payés"

Le député Vert de Gironde Noël Mamère, interrogé par Europe 1, a carrément évoqué des "relations incestueuses" entre la France et certains régimes autoritaires, comme celui de Ben Ali ou de Kadhafi.

La présidente du Front national, Marine Le Pen s’est montrée plus mesurée. "Que les autorités égyptiennes fassent le nécessaire pour assurer la sécurité du Premier ministre français ne me choque pas, et cela ne me semble pas contraire aux traditions habituelles en la matière", a ainsi confié la leader frontiste au JDD.fr. En revanche, elle se montre bien moins indulgente avec Michèle Alliot-Marie, se disant "choquée" par l’affaire de son voyage en Tunisie. "Elle qui se dit gaullienne, elle a oublié les principes du Général sur ce genre de sujet… Elle aurait été bien inspirée de démissionner", poursuit-elle.

Au sein de l’UMP, c’est Christian Jacob qui est venu le premier à la rescousse de François Fillon. "Il n'y a rien de choquant à ce que le Premier ministre de la République française soit accueilli par le président de la République égyptienne, car il était en Egypte "à la fois en vacances et à la fois comme Premier ministre", a-t-il déclaré à quelques journalistes. Et de renchérir : "Quand on est Premier ministre, on prend quatre jours de vacances entre Noël et le 1er janvier... On ne prend pas cinq semaines de congés payés, 17 jours de RTT…". De quoi nourrir une nouvelle polémique.