Nucléaire : une députée LREM déplore se heurter au secret défense

"On se heurte à un moment au fait que les tests de sûreté, on ne peut y avoir accès" en raison du "secret défense", a déploré Barbara Pompili.
"On se heurte à un moment au fait que les tests de sûreté, on ne peut y avoir accès" en raison du "secret défense", a déploré Barbara Pompili. © Eric FEFERBERG / AFP
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avec AFP , modifié à
L'ex-EELV Barbara Pompili assure ne pas pouvoir vérifier si les tests de sûreté des installations nucléaires sont concluants. "C'est un manque lourd qui pose un problème de démocratie", a-t-elle estimé mardi.

Le travail de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la sûreté des installations nucléaires "se heurte" (...) "au secret défense", a déploré mercredi son rapporteur, la députée LREM Barbara Pompili. "On nous a donné un certain nombre d'infos mais malgré tout on se heurte à un moment au fait que les tests de sûreté, on ne peut y avoir accès" en raison du "secret défense", a déclaré l'ex-EELV interrogée à Flamanville (Manche) après avoir visité mardi et mercredi l'usine Orano (ex-Areva) de la Hague, et le chantier du réacteur EPR, en construction à Flamanville. 

"On nous dit que ces tests sont concluants. Je ne peux pas vérifier (...) C'est un manque lourd qui pose un problème de démocratie", a ajouté l'ex-secrétaire d'État à la Biodiversité.

La sûreté des piscines de refroidissement. L'élue était interrogée notamment sur la sûreté des piscines françaises (où refroidissent les combustibles irradiés dans les centrales nucléaires) qui, contrairement à celle de l'EPR en construction, ne sont pas protégées par une coque de 1,80 m d'épaisseur devant résister à la chute d'un avion. Les piscines en exploitation se trouvent aux côtés de chacun des 58 réacteurs français et dans les vastes piscines d'Orano à La Hague.

Des questions autour de l'usine de retraitement des déchets. Barbara Pompili s'est par ailleurs "interrogée" sur l'usine de retraitement des déchets nucléaires de la Hague, où se trouve "l'équivalent de cent cœurs de réacteurs aujourd'hui". "On a là une question lourde qui se pose: est-ce que c'est raisonnable de laisser une telle quantité de matière nucléaire au même endroit ?", a dit la députée. Elle a par ailleurs estimé qu'il était "difficile de dire" si l'EPR serait sûr. "Il y a encore des demandes de l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire) sur un certain nombre de points importants dont les soudures; et on a vu qu'on était sur des circuits très importants", a-t-elle ajouté.

Des défauts de soudure. EDF a annoncé en avril des défauts de soudures sur des tuyauteries du circuit secondaire principal, tuyauteries qui mesurent 80 cm de diamètre avec des parois de 4 cm d'épaisseur. Des analyses sont en cours sur 150 soudures potentiellement défectueuses, selon EDF. L'industriel doit encore poursuivre "quelques semaines" ses discussions avec l'ASN avant de se prononcer sur un éventuel nouveau retard et nouveau surcoût de l'EPR, où travaillent 4.700 personnes, a rappelé EDF mercredi. Malgré cela, le démarrage est toujours officiellement prévu à la fin de l'année, pour une mise en service commerciale en 2019, sept ans après la date prévue, pour un coût de 10,5 milliards d'euros, soit le triple du montant initial.