Nucléaire : Sarkozy ment, pour la gauche

Martine Aubry a qualifié Nicolas Sarkozy de "président du siècle dernier" sur la question du nucléaire.
Martine Aubry a qualifié Nicolas Sarkozy de "président du siècle dernier" sur la question du nucléaire. © Reuters
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Rémi Duchemin, avec agences
La charge présidentielle contre le programme EELV-PS a entraîné de vives réactions.

"Vague massive de délocalisation", "cataclysme économique", "destruction", "catastrophe", "folie" et même "retour à l'époque de la bougie"… Nicolas Sarkozy n’y est pas allé de main morte jeudi matin au moment d’évoquer le programme écolo-socialiste sur le sujet de la filière nucléaire. Forcément, la riposte de la gauche, dans les heures qui ont suivi, a été proportionnée à la charge présidentielle.

"M. Sarkozy est un président du siècle dernier. Aujourd’hui, il faut préparer l’avenir", a ainsi réagi Martine Aubry lors d’une conférence de presse. "Et puis il y a le problème de la sécurité. Le président devrait savoir, après Fukushima, et c’est ce que défend notre candidat, qu’il y a des centrales qui devront fermer parce qu’elles seront trop anciennes. Là aussi, inutile de mentir. Il faut mettre la sécurité au premier rang. C’est là aussi nos propositions, on n’en entend pas parler quand on écoute le président de la République", a déclaré la première secrétaire du PS.

"L’hôpital qui se moque de la charité"

Mensonges aussi pour Jean-Marc Ayrault. "Il faut vraiment que le président de la République, candidat à sa propre succession, soit aux abois pour mentir à ce point et caricaturer la position de François Hollande, au point de parler de la bougie et de retour au Moyen-âge, et allant jusqu'à affirmer que François Hollande était adversaire du nucléaire", s’est emporté le président du groupe PS à l’Assemblée. "Si Nicolas Sarkozy veut maintenir 75% d'électricité d'origine nucléaire, comment va-t-il faire dans les années qui viennent? A-t-il l'intention de remplacer les centrales en fin de vie et avec quel argent ?", s’est interrogé celui qui est aussi conseiller de François Hollande.

Au sujet du risque de la menace de "mouvement massif de délocalisations", brandie par Nicolas Sarkozy, le Parti communiste a jugé que c’est "l'hôpital qui se moque de la charité". "Depuis bientôt dix ans que la droite est au pouvoir, Nicolas Sarkozy en tête, elle passe son temps à déréglementer et privatiser. Elle a supprimé 30.000 emplois dans la filière énergétique et massacre l'industrie française", déclare le PCF dans un communiqué".

"La valse des chiffres toujours plus fantaisistes"

Les associations sont également montées au créneau. Pour Greenpeace, Nicolas Sarkozy est atteint du "syndrome de l'erreur persistante" et développe avec l'UMP "un arsenal de communication" datant des années 1970" alors qu'il "serait temps d'entrer dans le XXIe siècle."     Sur les éventuelles suppressions d'emplois, l’association dénonce "la valse des chiffres toujours plus fantaisistes". Le président et l'UMP font semblant d'oublier "l'immense gisement d'emplois qui se trouve dans le démantèlement des centrales en France et à l'étranger, dans la gestion des déchets nucléaires, mais aussi et surtout dans le développement des renouvelables et de l'efficacité énergétique", écrit l'organisation.

De son côté, l’Observatoire du nucléaire note que, dans l'esprit du chef de l'Etat, la France serait "le seul pays qui tourne le dos au progrès". Or, "la France est cernée par des pays qui ont rejeté l'atome ou décidé d'en sortir, soit de façon volontariste, soit en ne renouvelant pas les centrales arrivant en fin de vie : Belgique, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Italie et Espagne", écrit l’organisme dans un communiqué.