Macron Nouvelle-Calédonie 1280 Ludovic MARIN / AFP 1:41
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Maxence Lambrecq, édité par A.H. , modifié à
Alors que le référendum sur l'auto-détermination est prévu en novembre prochain, Emmanuel Macron tente de faire s'entendre deux camps qui se détestent : loyalistes et indépendantistes.
REPORTAGE

La tension monte entre les deux camps : ceux qui sont pour l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, et ceux qui y sont farouchement opposés. Alors qu'Emmanuel Macron poursuit sa visite sur le Caillou, à six mois du référendum sur l'auto-détermination, une marche "bleu blanc rouge" s'est tenue vendredi à Nouméa, organisée par la droite calédonienne pour dire "non" à l'ambition indépendantiste. Mais la situation a vite dégénéré.

"On n'a pas besoin de la France". Des policiers ont été appelés en renfort pour séparer les deux camps. D'un côté, 5.000 personnes en bleu blanc rouge entonnent à pleins poumons La Marseillaise. De l’autre, une poignée d’indépendantistes. Une femme éructe : "Ici, c’est un pays indépendant ! C'est un pays de kanaks, on n'a pas besoin de la France. C'est notre pays." Les insultes fusent, les esprits s'échauffent. "Un monsieur nous a dit qu'on n'était qu'une bande de conn*** et nous a fait des doigts d'honneur. Comment voulez-vous qu'on prenne les choses ? Vous voyez bien qu'on est une minorité ! Ça me révolte", s'agace une autre.

"La France paye l'éducation, la santé". Dans le cortège, sous le soleil, les indépendantistes essuient le mépris de nombreux badauds. "Il faudrait qu'ils travaillent, qu'ils fassent des études, et puis qu'ils arrêtent d'être délinquants !", souffle Martine, infirmière, installée à Nouméa depuis 15 ans. Originaire de Normandie, elle estime : "La France nous aide, paye l'éducation, paye la santé… Pourquoi on devrait cracher là-dessus ? Comment expliqueront-ils ça à leurs enfants ? Ils leur diront 'On ne peut pas te soigner, pas t'opérer, ta mère va mourir car on ne peut rien faire contre son cancer.'"

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Le chef de l'Etat doit trancher. Les manifestants critiquent aussi directement Emmanuel Macron, qui a promis de ne pas se prononcer. Or, pendant la campagne présidentielle, il s'était exprimé pour la Nouvelle-Calédonie française. "Il ne prend position sur aucun point, que ce soit ici en Nouvelle-Calédonie ou en métropole. Comment voulez-vous qu'on puisse compter sur cette personne ?!", juge un manifestant. En venant ici, le président tente de rapprocher deux camps qui ne se comprennent pas, et ne se parlent pas. L'Elysée promet samedi un discours très rassembleur.