Nouveau centre, nouveaux problèmes

Pour Hervé Morin et le Nouveau centre, l'université d'été de samedi pourrait être la dernière du mouvement.
Pour Hervé Morin et le Nouveau centre, l'université d'été de samedi pourrait être la dernière du mouvement. © Reuters
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Le parti centriste tient son Université d’été samedi dans le Gard. Son avenir est en jeu.

C’est un Nouveau Centre exsangue qui s’apprête à tenir sa cinquième université d’été samedi à Saint-Gilles, dans le Gard. Pour la seule journée prévue au programme, entre 400 et 500 militants sont attendus, loin des milliers de participants de la première édition, tenue sur tout un week-end en 2008. "L’ambiance risque d’être eu peu à la soupe à la grimace", prédit Alexis Massart, spécialiste du Centre, joint par europe1.fr.

C’est que l’année écoulée a été difficile pour le parti d’Hervé Morin. Le faste de 2007 semble bien loin. "Le Nouveau Centre correspondait à une séquence politique, et cette séquence est terminée", assène Alexis Massart. Pendant un quinquennat, le Nouveau Centre a été un allié fidèle de l’UMP. Une alliance matérialisé par un groupe autonome à l’Assemblée et par la nomination d’Hervé Morin au ministère de la Défense. Mais les querelles de personnes, des défections, une candidature confidentielle à l’élection présidentielle, suivies des défaites électorales de 2012 ont laissé le parti et ses membres dans l’expectative.

Les défections ? Une "clarification"

Et après des mois d’hostilité pas toujours masquée, Jean-Christophe Lagarde, André Santini, mais aussi les ex-ministres François Sauvadet et Maurice Leroy, ont finalement claqué la porte pour voir si l’herbe du centre droit était plus verte ailleurs.

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La plupart des dissidents ont ainsi rejoint les rangs d'un nouveau parti, Force européenne démocrates (FED) fondé mi-juillet par le député Jean-Christophe Lagarde, ex-numéro 2 du NC et désormais meilleur ennemi d’Hervé Morin. Sur les 22 parlementaires que comptaient la formation après les élections (11 dans chaque chambre), seuls 15, sept députés et huit sénateurs, sont restés au bercail. "Il y a eu une clarification qui était utile", tempère Hervé Morin, joint par Europe 1.fr. "Le Nouveau centre est au contraire renforcé par cette nouvelle unité", veut croire l’ex-ministre.

Quelle place dans un grand parti de centre-droit ?

Paradoxalement, les ennemis d’hier se retrouvent aujourd’hui dans le même groupe parlementaire, l’Union des démocrates et des indépendants, présidé par Jean-Louis Borloo. Car voilà l’enjeu actuellement en cours au centre-droit : la reformation d’une grande structure sur le modèle de feu l’UDF. Et cet enjeu dépasse de loin le seul Nouveau Centre.

A tel point que le sujet devrait occuper les esprits pendant l’université du NC. "L’existence du Nouveau Centre en tant que structure n’est pas la question prioritaire pour ses membres", avance Alexis Massart. "Ce qui va se jouer, c’est l’avancée de la création d’une nouvelle UDF par Jean-Louis Borloo", confirme le politologue.

Cet enjeu s’explique par la sociologie même du centre droit en France. "C’est un espace politique surtout composée d’élus locaux". Et ces élus vont se concentrer sur les échéances à venir, prioritairement les municipales et l’élection des conseillers territoriaux, prévues en 2014. Et le soutien d’une grande formation politique sera indispensable. "Si le Nouveau centre ne se place pas dans cette structure, il regardera le train passer", prévient Alexis Massart.

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Hervé Morin le sait, qui s’est résolu à l’idée d’intégrer cette future structure. "Mais il ne s’agit pas de faire une formation unique fusionnant les différents mouvements", prévient le président du Nouveau centre. "Nous voulons une formation la plus intégrée possible, qui conserve à chaque mouvement son autonomie et son indépendance."

Et quid du leadership, alors que Jean-Louis Borloo semble le leader naturel de la formation en devenir ? "Je ne revendique rien. Je laisse le soin aux uns et aux autres d’afficher leurs ambitions",  jure Hervé Morin. "Mais ce parti devra faire fi des égos personnels". Son ex-numéro 2 est sur la même longueur d’onde. "Si son ego est devenu plu raisonnable, tant mieux", ironise Jean-Christophe Lagarde, qui jette un regard désabusé sur son ancienne formation. "On est partis quand on a compris que cela devenait une aventure personnelle. Et aujourd’hui, qui est avec Hervé Morin, qui veut travailler avec lui ? Personne", assène-t-il.

Dernière université d’été ?

Pour autant, le député de Seine-Saint-Denis ne ferme pas la porte à son ancien camarade. "Il est le bienvenu dans cette grande fédération du centre", assure-t-il. "Dans une formation politique, tout le monde n’est pas obligé de s’aimer, mais tout le monde doit vivre ensemble", prévient-il toutefois.

Dilué dans un grand parti centriste, le Nouveau Centre pourrait pourtant avoir du mal à subsister. "Ce n’est pas exclu que cette université d’été du Nouveau centre soit la dernière", considère Alexis Massart. De quoi rendre Hervé Morin inquiet quant à l’existence même de son mouvement ? "Pas encore", sourit l’ex-ministre en guise de réponse.