Edouard Philippe : "Le projet de Notre-Dame des Landes sera abandonné"

  • Copié
, modifié à
Le gouvernement a tranché mercredi : l’aéroport ne se fera pas. Une décision forcément très commentée et qui, surtout, ne ferme pas le dossier. Car il faut désormais gérer le devenir de la ZAD. 

Le gouvernement a tranché : le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes est abandonné. Emmanuel Macron et Edouard Philippe mettent là un point final à un dossier vieux de près de 50 ans. Le Premier ministre a confirmé mercredi à la mi-journée une information annoncée par le président du syndicat mixte aéroportuaire Philippe Grosvalet, également président PS du conseil départemental de Loire-Atlantique. Edouard Philippe était entouré des ministres Gérard Collomb (Intérieur), Nicolas Hulot (Transition écologique et solidaire), Elisabeth Borne (Transports), Nicole Belloubet (Justice) et Benjamin Griveaux (porte-parole).

    Les informations à retenir 

  • Edouard Philippe a confirmé à la mi-journée l'abandon du projet d'aéroport
  • Les partisans du projet réagissent souvent de façon virulente
  • Le Premier ministre a laissé "jusqu'au printemps" aux zadistes pour quitter la zone

L'EXPLICATION

Edouard Philippe a pris la parole pendant plus de vingt minutes pour expliquer l'abandon du projet. "Le gouvernement a pris sa décision. Je constate aujourd’hui que les conditions ne sont pas réunies pour mener à bien le projet d’aéroport", a affirmé le Premier ministre sur un ton solennel. "Un tel projet qui structure un territoire pour un siècle ne peut se faire dans un contexte exacerbé entre deux parties presque égales de la population. C’est l’aéroport de la division", a-t-il conclu.

La "solution". Pour pallier l'abandon du projet, le gouvernement a identifié une "solution : le réaménagement de l’aéroport de Nantes-Atlantique. Dans un premier temps l'aérogare de Nantes-Atlantique sera modernisé", a assuré Edouard Philippe. "En parallèle, la procédure pour l'allongement de la piste sera engagée, elle permettra de réduire les nuisances sonores à Nantes", a annoncé le Premier ministre, ajoutant que le gouvernement accompagnerait également "le développement de l'aéroport de Rennes-Saint-Jacques".

"L'enjeu pour les Rennais et les Nantais, c'est de rallier directement les grands aéroports parisiens", a aussi déclaré le chef du gouvernement. "Ces liaisons directes existent mais sont insuffisantes, elles seront donc fluidifiées et multipliées pour accompagner la hausse du trafic".

Le devenir de la Zad. Edouard Philippe s'est montré très ferme sur le sujet : la Zone à défendre (ZAD) devra être évacuée. "Nous mettrons fin à la zone de non-droit qui prospère depuis près de dix ans sur cette zone", a asséné le Premier ministre. "Les trois routes doivent maintenant être rendues à la libre circulation pour tous. Les squats devront donc évacués, les obstacles retirés, la circulation rétablie", a-t-il poursuivi. 

Le Premier ministre a toutefois laissé un délai à ceux qui occupent le territoire. "Conformément à la loi, les agriculteurs expropriés pourront retrouver leurs terres s'ils le souhaitent. Les occupants illégaux de ces terres devront partir d'eux-mêmes d'ici le printemps prochain ou en seront expulsés",a-t-il prévenu. 

LES RÉACTIONS

Le "premier grand reniement" de Macron. Les réactions politiques sont sans surprise. Elles sont souvent virulentes de la part des élus locaux qui étaient favorables au projet. "C’est une très mauvaise décision pour les habitants de Loire-Atlantique", a affirmé Philippe Grosvalet, président PS du conseil départemental de Loire-Atlantique, avant même la confirmation de l'information par Edouard Philippe. "Le président de la République piétine toutes les procédures publiques dans notre pays et les 179 décisions de justice qui ont été prises. Il piétine aussi nos collectivités locales qui ont accompagné l’Etat dans ce projet. Il s'agit de son premier grand reniement. Il renie sa parole et nous fait croire qu’il fait un choix alors que c’est un non-choix, parce qu’il n’y a pas de plan B." 

"Trahison". "Cette décision est un mauvais coup porté au Grand Ouest et pour nous une trahison, un déni de démocratie", a réagi de son côté Johanna Rolland, la maire de Nantes. "Cette décision bafoue l'expression démocratique qui s'est exprimée le 26 juin 2016", lors d'une consultation locale en Loire-Atlantique, a-t-elle réagi. "L'État dit 'votre vote ne compte pas', cette décision affaiblit cet État de droit", a affirmé la maire socialiste, rappelant les "180 décisions de justice, toutes favorables au transfert".

"Les zadistes ont gagné". Pour la droite, l'angle d'attaque est tout trouvé. "C’est à la fois une capitulation, un renoncement et un abandon. C'est une capitulation parce que c’est la victoire des Zadistes, ils ont gagné. La violence, aujourd’hui en France, paie", a déclaré sur Europe 1 Bruno Retailleau, sénateur Les Républicains de Vendée très favorable au projet. C'est aussi le sens des tweets du même Bruno Retailleau, ou encore de Christine Boutin.

"C’était la seule décision à prendre écologiquement". La réaction est évidemment opposée du côté principalement des écologistes. "C’est bien, c’est raisonnable. C’était la seule décision à prendre écologiquement", a ainsi réagi Daniel Cohn-Bendit sur Europe 1. Les eurodéputés EELV Karima Delli et Yannick Jadot se sont également félicités de cette décision sur Twitter.

Tout le monde a droite n'a pas réagi avec colère. Nicolas Dupont-Aignan a ainsi salué par le biais d'un communiqué "une décision de bon sens". Philippe de Villiers s'est montré encore plus enthousiaste sur Twitter : "On a gagné ! Le bon sens l'a emporté. Et l'intérêt général a fini par prévaloir. La Vendée est dans le camp des vainqueurs. MERCI et BRAVO aux entrepreneurs vendéens qui se sont mobilisés!"