A droite, Sarkozy n'a pas que des amis

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MATCH - Le retour de l'ancien président ne réjouit pas tout le monde dans son camp. Certains sont même virulents.

L'INFO. Nicolas Sarkozy est persuadé que le match n'aura pas lieu. Persuadé que son simple retour va tuer dans l'œuf toutes les velléités de ses rivaux potentiels. Persuadé qu'il est le seul candidat à droite à pouvoir reprendre le pouvoir en 2017. Mais l'ancien président est allé un peu vite en besogne. Au lendemain de sa longue intervention sur France 2, le constat est limpide : de François Fillon à Alain Juppé, en passant par Bruno Le Maire ou Hervé Mariton, personne n'a l'intention de mettre un mouchoir sur ses ambitions. Bien au contraire.

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Ses adversaires de 2017

"J'aurai besoin" de Juppé et de Fillon. En une phrase, et quelques compliments, Nicolas Sarkozy a tenté de faire passer ses deux principaux adversaires pour de simples faire-valoir et de valeureux soutiens dans sa quête de succès élyséen. Car l'ancien président ne croit pas en la candidature d'Alain Juppé. La répliquede ce dernier, quelques heures plus tôt sur Europe 1 dimanche, a été cinglante : "Je sais bien qu'aujourd'hui le match a commencé et que le tacle commence. On essaie de faire croire que je n'irai pas jusqu'au bout. Eh bien, je vais en apporter la détermination. Vous le verrez en 2016 et 2017", a lancé le maire de Bordeaux.

"Le match" pour 2017 a commencépar Europe1fr

Et si les troupes de Nicolas Sarkozy comptent sur le passif judiciaire d'Alain Juppé - condamné dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris -, ils vont trouver du répondant : "en matière d’ennuis judiciaires, il vaut mieux ne pas se livrer à un match…" Et histoire de convaincre les derniers sceptiques, Alain Juppé, au moment même où Nicolas Sarkozy s'exprimait sur France, a publié une esquisse de programme sur son blog. Oui, "le match a commencé".

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Avec François Fillon, la bataille s'annonce elle aussi féroce. En déplacement dimanche chez son ami le député du Val d'Oise Jérôme Chartier, l'ancien Premier ministre a assuré ne pas avoir "le culte du sauveur, mais le culte des idées. Aujourd'hui, la question n'est pas de savoir qui peut battre Hollande? A priori, tout le monde. Non, la question est comment rassembler les Français et surtout pour quoi faire ?" Ou comment renvoyer Nicolas Sarkozy à son absence de programme. Un Nicolas Sarkozy qui a décidé de lui tendre la main en tentant d'organiser une rencontre. "Il n'y a pas d'urgence", a lâché le Sarthois dans le JDD. Mais, en tant que membre du triumvirat dirigeant l'UMP, il a aussi fait savoir qu'il rencontrera "tous les candidats, car je veux savoir quel projet, quelles valeurs les animent". C'est donc l'ancien Premier ministre qui auditionnera l'ancien président…

Ses rivaux à la présidence de l'UMP

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Officiellement, c'est la seule élection pour laquelle Nicolas Sarkozy est candidat. Et, au regard de sa cote d'amour chez les militants UMP, sa victoire ne fait guère de doute. C'est l'ampleur de celle-ci qui sera regardée de près. Car Nicolas Sarkozy a en face de lui un adversaire déterminé, qui mène une campagne de terrain active depuis des semaines : Bruno Le Maire. L'ancien ministre de l'Agriculture reçoit un bon accueil des élus locaux, et devient en quelque sorte le candidat des "anti-Sarkozy". De là à imaginer qu'Alain Juppé et François Fillon poussent en coulisses sa candidature, il n'y a qu'un pas. Pas si difficile à franchir. Dimanche, le maire de Bordeaux a vanté les mérités d'un "type bien et un homme de grande qualité." L'ancien Premier ministre, lui, n'a de cesse d'appeler de ses vœux "la nouvelle génération à prendre la relève". Des petits mots qui veulent dire beaucoup.

Dans l'équipe Le Maire, on serre les dents et on ne désarme pas. Dans le JDD, on explique ainsi que la tribune de Sarkozy sur Facebook était un "gloubi-boulga de rassemblement", un texte "très autocentré". "Le parti s'appellera Nicolas Sarkozy, et comme idée, il proposera Nicolas Sarkozy?" raille encore l'un des proches du député de l'Eure. Bruno Le Maire tiendra bon, et cela agace les sarkozystes.

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Hervé Mariton, lui, part de plus loin encore. Le candidat le moins médiatique, qui s'est fait un nom lors de la bataille pour le mariage gay, continue pourtant son petit bonhomme de chemin et multiplie les interventions publiques. Dimanche soir, quand les sarkonostalgiques se réunissaient pour écouter leur champion sur France 2, lui discutait avec des militants en Côte d'Or. Lundi matin, le député de la Drôme, invité de Sud Radio, s'est dit déçu des "ambiguïtés" de l'intervention de l'ex-chef de l'Etat. "A la fin de l'entretien, nous ne sommes pas beaucoup plus rassurés sur ce que sont les idées, quelles sont les perspectives, quel est le positionnement politique de Nicolas Sarkozy?", a-t-il jugé. Hervé Mariton a bien l'intention de faire entendre sa voix face à celui qu'il nomme "son concurrent".

Les impossibles alliés centristes

Nicolas Sarkozy, qui veut en finir avec l'UMP, entend créer un rassemblement qui transcende le clivage droite-gauche "élimé comme un tapis qui aurait trois siècles". Dit autrement, l'ancien président veut ramener dans son giron les centristes de tous horizons. Mais ces derniers n'ont aucunement l'intention de se faire "avaler" par la machine sarkozyste. "La politique française a besoin de tout, sauf d'un parti unique, elle a le plus grand besoin d'échapper à la mainmise d'un appareil unique, de courants internes d'un appareil unique, (...) des habitudes et des dérives que nous ont imposées depuis des années le monopole du PS et de l'UMP", a ainsi lancé François Bayrou devant plusieurs centaines de personnes en clôture de l'université de rentrée du MoDem à Guidel (Morbihan). A l'UDI, où se joue actuellement la présidence du parti, c'est à qui sera le plus virulent à l'égard de Nicolas Sarkozy :

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Les francs tireurs

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Rachida Dati, l'ancienne étoile montante de la sarkozie ne brille plus du même éclat. Oubliée de la nouvelle équipe qui va entourer le candidat - même si elle assure du contraire - , Rachida Dati a d'abord jugé positivement le retour de Nicolas Sarkozy car "vu l'état de l'UMP, ça s'impose." Puis l'ancienne ministre de la Justice a vite glissé un petit tacle à son mentor en jugeant que sa décision de confier la direction de sa campagne à Fréderic Pechenard "est un mauvais choix". Pourquoi ? "Nicolas Sarkozy le sait et Frédéric Péchenard aussi", a-t-elle éludé. Et quand on lui fait observer que l'ex-directeur général de la Police nationale, proche de l'ancien président, connaît la sarkozie et ses secrets, Rachida Dati se fait énigmatique : "il ne me connaît pas bien moi, il ne connaît pas mes secrets. Moi je connais les siens en tous les cas".

Lionnel Luca, lui, n'a pas jugé bon de se montrer mystérieux. Le député UMP des Alpes-Maritimes a tweeté ses regrets devant l'absence de propositions concrètes de l'ancien président:

Philippe Gosselin, député UMP de la Manche, n'a pas été emballé lui non plus :