Nicolas Sarkozy reprend la main

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© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Margaux Baralon
Il s'est sorti de la polémique sur sa supposée double-casquette de candidat et de président de parti, garde le contrôle des investitures des législatives et profite de l'enlisement de l'exécutif dans la polémique sur l'interdiction de manifester.

S'il en est un pour qui "ça va mieux", c'est sûrement lui. Nicolas Sarkozy semble poussé par des vents favorables depuis quelques semaines. Le président des Républicains, qui apparaissait distancé dans les sondages par ses (potentiels, puisqu'il n'est pas encore officiellement candidat) rivaux à la primaire voit la tendance s'inverser. Ses fidèles sont bien placés pour les investitures aux législatives et la crise politique que traverse le gouvernement, obligé de reculer sur l'interdiction de manifester, ne peut que le servir.

Fin de la polémique sur une double-casquette. Il y a encore deux semaines, pourtant, le président des Républicains était dans la tempête. Au sein de sa propre formation politique, son statut était controversé. De fait, ses rivaux ont pointé du doigt le fait que le patron du parti soit également officieusement déjà candidat à la primaire de la droite. Et qu'il puisse donc enchaîner les "réunions publiques", très semblables à des meetings de campagne, aux frais des Républicains.

De cette épineuse question, Nicolas Sarkozy est sorti sans une égratignure ou presque. Saisie par les proches d'Hervé Mariton et François Fillon, la Haute autorité pour la primaire de la droite s'est contenté d'un petit rappel à l'ordre à son endroit. Elle n'a fait que "recommander aux candidats à la candidature" de "distinguer aussi clairement que possible l'action qu'ils mènent dans le cadre du parti de celle qu'ils mènent dans le cadre de cette candidature".  Pas de quoi faire fléchir Nicolas Sarkozy, qui n'a aucune obligation de se déclarer dès aujourd'hui.

Contrôle des investitures. C'est mercredi prochain que la commission nationale d'investiture (CNI) des Républicains rend ses derniers arbitrages pour les investitures aux législatives de 2017. Et en attendant, quelques tensions se sont fait sentir entre les sarkozystes et les proches des candidats déclarés à la primaire, notamment le clan Juppé. "On devait donner l'investiture quand il y a consensus et la geler dans le cas contraire. Cette idée n'est pas respectée", regrette Benoist Apparu, juppéiste, dans les colonnes de Marianne.

Autrement dit, en cas de désaccord, le clan Sarkozy aurait tendance à imposer son champion sans attendre. Exemple type du bras de fer qui oppose les partisans du maire de Bordeaux à ceux de l'ancien chef de l'État : la circonscription de Morlaix, dans le Finistère. Deux candidats sont en lice pour y être investis : Maël de Calan, conseiller départemental proche d'Alain Juppé et Agnès le Brun, maire de Morlaix, fidèle de Nicolas Sarkozy. Incapable de trancher entre les deux, la CNI a voté mercredi pour reporter sa décision, comme le raconte L'Opinion. Après l'éviction de plusieurs candidats juppéistes, notamment à Lyon et à Strasbourg, l'équipe du maire de Bordeaux craint un nouveau passage en force des sarkozystes.

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© John MACDOUGALL / AFP

Cette prise de contrôle sur les investitures est cruciale pour la suite de la campagne de la primaire. Même si Alain Juppé a obtenu la garantie que le Conseil national des Républicains qui se tiendra le 2 juillet ne sera pas assorti d'un vote entérinant définitivement les choix de la CNI, en pratique, les noms risquent peu de changer. Or, investir ses fidèles, c'est la garantie pour Nicolas Sarkozy d'avoir des relais indispensables en circonscription pendant toute la campagne.

Une image présidentielle. Nicolas Sarkozy ne garde pas seulement la main dans les conflits qui traversent son propre parti. L'ancien chef de l'État n'oublie pas de se positionner sur la scène nationale. Dernier exemple en date : l'interdiction de manifester. Le président des Républicains, prenant à rebours l'écrasante majorité des responsables de son parti, s'est prononcé contre. "Je ne crois pas que ce soit raisonnable qu'un gouvernement républicain décide dans un pays comme le nôtre d'interdire des manifestations", a-t-il déclaré mardi au micro d'Europe 1. "Personne ne l'attendait là, mais c'est très bien joué", estime le politologue Thomas Guénolé. "Ce qu'il envoie comme message, c'est que lui n'a pas eu besoin d'interdire les manifestations car, lorsqu'il était au pouvoir, le pays était tenu." Nicolas Sarkozy, à qui le gouvernement socialiste a d'ailleurs fini par donner raison en changeant d'avis et en autorisant les manifestations, a donc gardé une image d'autorité quand l'exécutif en manquait cruellement.

Vent en poupe dans les sondages. Signe, enfin, que cela va mieux pour Nicolas Sarkozy, celui qui était distancé dans les sondages par Alain Juppé semble revenir. Une enquête Odoxa publiée mardi crédite l'ancien président de 66% d'opinions favorables chez les sympathisants de droite. Devant Alain Juppé, qui perd 15 point et retombe à 62%. Certes, si le sondage est élargi à l'ensemble des Français, Nicolas Sarkozy reste moins populaire que le maire de Bordeaux, mais la tendance s'infléchit. Et les soutiens de l'ancien président s'en réjouissent. À l'instar de Pierre Charon, sénateur de Paris, auteur mardi d'un tweet sans ambiguïté : "Je vous avais prévenu que le Boss était de retour…"