Nicolas Sarkozy élu, la gauche lance le 3e tour

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Nicolas Sarkozy a été élu dimanche président de la République avec plus de 53% des voix, signant l'échec de la socialiste Ségolène Royal qui caressait l'ambition d'être la première femme à accéder à l'Elysée. Une fois encore, les Français se sont rendus massivement aux urnes avec 84% de participation.

Le futur sixième président de la Ve République s'appelle Nicolas Sarkozy. Le candidat de l'UMP a été élu dimanche avec 53,06%. Dans son premier discours, il s'est engagé à être "le président de tous les Français" qu'il a invités "à ne pas se laisser enfermer dans l'intolérance et le sectarisme". Il succèdera officiellement le 16 mai à Jacques Chirac, qui a dirigé la France durant douze ans. Héraut de la "rupture" à la tête d'une droite "décomplexée", Nicolas Sarkozy, 52 ans, a promis de "réhabiliter le travail, l'autorité, la morale, le respect, le mérite" et de "remettre à l'honneur la nation". "Je vais rendre aux Français la fierté de la France". Sans attendre, Nicolas Sarkozy a lancé un appel aux partenaires européens de la France, qu'il a conjurés de "ne pas rester sourds à la colère des peuples", et aux Etats-Unis qu'il a assurés de "l'amitié" française tout en les invitant à "ne pas faire obstacle à la lutte contre le réchauffement climatique" dans la lignée de Jacques Chirac. George Bush, Angela Merkel, Tony Blair, Romano Prodi, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, notamment, ont félicité dimanche soir Nicolas Sarkozy. "Restons debout !", a lancé de son côté Ségolène Royal, qui, loin de céder à l'abattement de 2002, lorsque la gauche avait été éliminée au premier tour, a lancé la bataille du "troisième tour" des élections législatives des 10 et 17 juin. "Quelque chose s'est levé qui ne s'arrêtera pas", a-t-elle assuré. "Nos valeurs finiront pas triompher". La défaite de Ségolène Royal, qui avait imposé contre toute attente sa candidature aux "éléphants" du Parti socialiste, risque d'ouvrir une période de turbulences au sein du parti. L'ancien ministre de l'Economie Dominique Strauss-Kahn, battu lors de la course à l'investiture en novembre, a estimé que "la rénovation social-démocrate" devait l'emporter. Laurent Fabius, l'autre perdant, a souhaité "une gauche décomplexée". Ségolène Royal aura "un rôle central" dans la rénovation du parti, a prévenu son codirecteur de campagne Jean-Louis Bianco. L'ancien ministre socialiste de la Santé Bernard Kouchner a de nouveau appelé à une alliance avec le centre. "S'il y a une unité à rechercher, un programme commun à développer demain, ce n'est pas avec l'extrême gauche ou avec ce qu'il reste du Parti communiste, mais avec le centre". Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, a déploré "une véritable catastrophe politique" et "un grave échec". Olivier Besancenot, ex-candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), a appelé à "un front unitaire des forces sociales et démocratiques" contre Nicolas Sarkozy. L'ex-candidat centriste François Bayrou, qui doit porter jeudi sur les fonts baptismaux son "Mouvement démocrate", en remplacement de l'UDF, a déclaré qu'il ne ménagerait "aucun effort pour faire naître les contre-pouvoirs libres, indépendants, constructifs dont la France a besoin". "Je dis à Nicolas Sarkozy : le pouvoir absolu, cela peut être un confort (...) mais cela c'est l'apparence, car il n'y a en même temps personne pour vous empêcher de vous tromper". Le député européen UDF Jean-Marie Cavada a affirmé que le Mouvement démocrate présenterait un candidat dans chacune des 577 circonscriptions aux législatives. Les électeurs de François Bayrou ont été fidèles à leur hétérogénéité. Ils sont repartis chacun dans leur famille d'origine. Les uns (40%) ont voté pour Ségolène Royal, les autres, un peu plus nombreux, ont voté pour le candidat de l'UMP. Près de 20% des électeurs de François Bayrou au premier tour se sont abstenus. Première candidature, première victoire : Nicolas Sarkozy, avocat de formation, descendant de hobereaux hongrois et de juifs de Salonique, couronne l'ambition d'une vie vouée à la politique, une passion précoce. "Je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas, je ne vous décevrai pas", a-t-il lancé, son épouse Cécilia à ses côtés, devant des milliers de partisans réunis place de la Concorde, à Paris, pour un concert géant auquel participaient notamment Enrico Macias, Faudel, Mireille Mathieu, Jean-Marie Bigard, Gilbert Montagné. Des incidents se sont produits place de la Bastille : des affrontements ont opposé des centaines de militants anti-Sarkozy aux forces de l'ordre. Les secouristes ont déploré quelques blessés légers. Des incidents ont été signalés à Lyon, Nantes. Quatre véhicules, dont un bus en stationnement, ont été incendiés à Argenteuil (Val-d'Oise), où l'ancien ministre de l'Intérieur avait fustigé la "racaille" en 2005. Nicolas Sarkozy devait s'accorder une parenthèse "quelque part en France" avant la passation de pouvoirs le 16 mai afin d'"habiter la fonction". Son conseiller François Fillon, qui fait figure de favori pour le poste de Premier ministre, a déclaré sur TF1 que le futur gouvernement serait en place le 19 ou le 20 mai et qu'il pourrait inclure des "représentants du centre" et "un certain nombre d'hommes et de femmes de gauche". Au nombre des priorités du futur président : une large concertation avec les partenaires sociaux, un projet de loi sur le service minimum dans les services publics, l'exonération des heures supplémentaires de charges sociales et d'impôt sur le revenu, un projet de loi instaurant des peines planchers pour les multirécidivistes. Au plan international, Nicolas Sarkozy veut relancer une Europe institutionnelle en panne et devrait se rendre à Bruxelles et Berlin. Comprendre le vote des Français avec Ipsos : cliquez ici.