Pourquoi la motion de censure a peu de chance d'être votée

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Louis Hausalter , modifié à
CALCULS - Malgré une alliance de fait entre la droite et l'extrême gauche, le gouvernement est assuré de rester en place.

Le calcul du nombre de députés favorables à la loi Macron a donné des sueurs froides au gouvernement, au point de choisir le passage en force. Mais avant le vote, jeudi, de la motion de censure déposée par l'opposition, l'exécutif peut dormir sur ses deux oreilles. Les députés socialistes et la plupart des alliés du gouvernement comptent bien faire bloc pour empêcher sa chute. Ils permettront ainsi au texte d'Emmanuel Macron d'être adopté sans vote en première lecture par l'Assemblée nationale.

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L'UMP et l'UDI la voteront. Pour être adoptée, une motion de censure doit réunir la majorité absolue des députés composant l'Hémicycle, soit 289 voix. Or, les groupes UMP et UDI, qui ont cosigné la motion, ne totalisent à eux deux que 228 élus. Parmi les neuf députés non inscrits, sept devraient apporter leurs voix à la motion, dont les deux représentants du Front national.

Le Front de gauche divisé. Plus surprenant : le patron du groupe Front de gauche à l'Assemblée, André Chassaigne, a annoncé que ses troupes voteraient également la censure. Une position critiquée mercredi matin par Jean-Luc Mélenchon, qui ne siège pas dans l'Hémicycle. Le groupe Front de gauche compte 15 membres, mais certains pourraient ne pas voter la censure. "Le texte de l’UMP me déplaît radicalement, je n’ai pas envie de m’y associer", estime ainsi le député communiste Gaby Charroux, cité par Libération.

Les frondeurs rentrent dans le rang. L'hétéroclite alliance entre la droite et l'extrême gauche ne sera de toute façon pas suffisante pour atteindre le seuil des 289 voix. Car, en face, les soutiens du gouvernement font bloc. Alors que plusieurs dizaines de députés PS avaient annoncé qu'ils voteraient contre la loi Macron ou s'abstiendraient, au point de contraindre le gouvernement à utiliser le 49-3, ces frondeurs rentreront dans le rang jeudi. "Bien sûr que l'on reste socialistes et qu'on ne votera pas la motion de censure de l'UMP", a affirmé l'un de leurs chefs de file, Christian Paul, mercredi sur Europe 1. "Notre objectif n'est pas de faire exploser le gouvernement".

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Un mauvais moment à passer. L'exécutif pourra aussi compter sur ses 18 alliés radicaux de gauche et sur les 18 écologistes pour repousser la motion. Nul doute que le gouvernement de Manuel Valls restera en place, et que la loi Macron poursuivra malgré tout son chemin. Mais d'abord, le Premier ministre devra prendre son mal en patience : jeudi, les orateurs de l'UDI et l'UMP auront chacun 15 minutes de temps de parole pour tirer à boulets rouges sur sa politique, depuis la tribune de l'Assemblée nationale. On imagine que le Premier ministre s'en serait bien passé.

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