Pierre Moscovici 1280
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Margaux Baralon , modifié à
FINANCES PUBLIQUES - Le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires a encouragé la France à poursuivre ses réformes pour tenir ses engagements européens.
INTERVIEW

Réduire le déficit français pour passer sous le seuil des 3% du PIB ? "C'est jouable", a assuré vendredi sur Europe 1 Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques et monétaires. Mais l'ancien ministre de l'Economie pose toutefois des conditions. "Pour 2016, la France doit parvenir à tenir ses objectifs de réduction de déficit de 3,7% en 2015 à 3,4% cette année", a t-il détaillé.

2017, "année courageuse". Le pays doit surtout poursuivre ses réformes. "S'il n'y a pas de changement de politique, avec la croissance que nous prévoyons, cela ne suffirait pas pour passer au-dessous de 3%" en 2017, a averti Pierre Moscovici. "On serait à 3,2%", quand Paris a promis d'atteindre 2,8%. Le commissaire européen préconise donc de s'attaquer au marché du travail et de faire de 2017 "une année courageuse". "Il faudra que le budget de cette année d'élection présidentielle soit sérieux et solide", a t-il asséné. "Michel Sapin [ministre des Finances] s'est engagé à ce que les objectifs soient tenus, je le prends au mot. Pour l'heure, les autorités françaises font ce qu'elles ont à faire."

Relâche avant l'élection. Mais il est courant que l'année de l'élection présidentielle soit aussi celle de la relâche budgétaire pour plaire à l'électorat. Nombreux ont ainsi été les gouvernements à faire baisser les impôts juste avant l'échéance, de Jacques Chirac avant 1988 à Dominique de Villepin avant 2007 en passant par Edouard Balladur avant 1995 et Lionel Jospin avant 2002. Seule exception : François Fillon avant 2012. Le Premier ministre de Nicolas Sarkozy voulait alors éviter la "faillite". De là à y voir l'une des causes de la défaite du candidat de la droite cette année-là...

Le "contre-choc fiscal" de Sarkozy devrait être compensé. Quoi qu'il en soit, Nicolas Sarkozy a retenu la leçon. Pour 2017, celui qui n'est pourtant pas encore officiellement candidat à la primaire propose d'ores et déjà un "contre-choc fiscal", esquissé au micro d'Europe 1 puis détaillé dans un entretien aux Echos. Il y propose notamment 25 milliards d'euros de baisse d'impôts dès l'été 2017. "Dans l'hypothèse où il y aurait [cette] baisse, il faudrait bien sûr qu'elle soit compensée immédiatement, par exemple par des baisses de dépenses publiques ou par des impôts", a commenté Pierre Moscovici.

"Pas de nouveau sursis". Le commissaire européen s'est également montré sévère avec les propositions de la gauche de la gauche, qui s'élève contre le tournant social-libéral impulsé depuis 2014 par Manuel Valls. "La France doit poursuivre un chemin de réforme, pour la rendre plus compétitive, et de sérieux budgétaire", a t-il rappelé. "Je n'ai pas la sensation que ce soit exactement ce que proposent les frondeurs." Le "sérieux budgétaire" est d'autant plus de rigueur que Bruxelles a déjà accordé deux délais à Paris pour réduire son déficit à 3% du PIB, et ne compte pas faire preuve de tolérance trop longtemps. "Quand on a déjà eu deux fois deux ans, non, on n'a pas le droit à un nouveau sursis", a martelé Pierre Moscovici.