Serge Dassault était un avionneur et patron de presse. 3:00
  • Copié
Mathilde Belin , modifié à
L'éditorialiste politique d'Europe 1 Catherine Nay et l'ancien directeur de la rédaction du "Figaro" Nicolas Beytout évoquent leurs souvenirs de Serge Dassault, mort lundi. 
INTERVIEW

Serge Dassault, industriel de l'aviation et patron du groupe Figaro, est mort lundi à Paris à l'âge de 93 ans. Nicolas Beytout, directeur de L’Opinion et ancien directeur de la rédaction du Figaro de 2004 à 2007, a salué sur Europe 1 le "talent" de Serge Dassault. "C’était un industriel de presse exceptionnel. Il a acheté le Figaro quand il allait mal sur le plan économique, et c’est devenu un groupe puissant", a souligné Nicolas Beytout dans Europe Soir.

Un industriel de presse innovant et un actionnaire capricieux. Serge Dassault "a investi dans l’imprimerie, il a investi dans le numérique, et il a fait probablement aujourd’hui du Figaro le groupe de presse le plus puissant de France", estime Nicolas Beytout, en parlant du Figaro comme de "sa fabrication, son talent". L’ancien directeur de la rédaction du quotidien évoque toutefois un actionnaire "pas très facile" : "Il voulait en permanence qu’on délivre son message (dans le Figaro, ndlr)", que ce soit sur "les 35 heures qu’il jugeait comme une catastrophe, les syndicats qu’il estimait nuisibles au pays, l’ISF qu’il voulait abroger". Ainsi, "c’était compliqué pour un journaliste de lui dire 'oui, c’est ton journal et tu peux faire passer ce genre de message', mais tous les jours c’était un peu trop."

"Quand on a de l'argent, on aime en donner." Au-delà de l’aéronautique et de la presse, Serge Dassault était aussi un homme politique. Sénateur LR de l’Essonne jusqu’à l’automne dernier et maire de Corbeil-Essonnes de 1995 à 2009, il a été empêtré dans des affaires politiques. Son nom a été associé à des scandales liés à des affaires d'achat de votes, de blanchiment et de comptes dissimulés. Pour Catherine Nay, éditorialiste politique à Europe 1, Serge Dassault était avant tout un homme qui "aimer donner" de l’argent : "À Corbeil-Essonnes, il faisait comme son père (Marcel, lui aussi homme politique, ndlr). Son père aimait distribuer des billets de 500 francs (…) Je pense que Serge Dassault était dans cette optique là, c’est-à-dire que, quand on a de l’argent, on aime en donner, faire plaisir, et c’est comme ça qu’on se fait des clients." "À la fois il voulait faire le bien, il rendait service, et il ne pensait pas qu’il contrevenait à la loi. C’était intéressé bien sûr mais sans malignité", estime Catherine Nay.