Moralisation : ces députés ont un autre "job"

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et Aurélie Herbemont , modifié à
Il est actuellement difficile de savoir qui, parmi les élus, continue d’exercer hors de l’Hémicycle.

Ce n’est pas forcément la plus spectaculaire des mesures de moralisation voulue par le gouvernement. Mais la volonté de Matignon de bientôt interdire aux députés d’exercer leur profession pendant leur mandat est forcément commentée à l’Assemblée nationale.

Quelle est la profession des députés ? La profession des députés est une information publique, et publiée sur le site de l’Assemblée nationale. Sur les 577 élus qui siègent dans l’Hémicycle, 185 sont ainsi fonctionnaires ou enseignants. C’est incontestablement le corps le plus représenté, devant les cadres ou cadres supérieurs, au nombre de 89 environ, et… les retraités, qui sont 55. A noter que 49 députés exercent une profession libérale, dont 35 sont avocats. 24 médecins et deux chirurgiens prennent aussi place à l’Assemblée, mais aussi 14 agriculteurs ou exploitants agricole. On trouve encore 12 ingénieurs, 8 journalistes, 4 magistrats, 2 notaires, ou 2 vétérinaires. Enfin, 27 députés ne déclarent aucune profession.

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Lesquels travaillent encore ? Difficile, sinon impossible à dire. Puisque continuer à travailler est toléré, il n’y a aucun contrôle, explique-t-on à l’Assemblée. Pour les fonctionnaires au moins, la situation est claire : ils sont en disponibilité pendant leur mandat. Mais c’est le flou total pour les professions libérales. On sait par exemple que la socialiste Catherine Lemorton, pharmacienne de son état, a cessé son activité. En revanche, le chirurgien Bernard Debré (photo), député UMP, opère encore. Tout comme l’avocat Gilbert Collard, qui plaide toujours. C’est d’ailleurs surtout cette dernière profession qui fait débat, avec des risques accrus de conflits  d’intérêts.

Des réticences. C’est évidemment dans les rangs de ces professions libérales que l’interdiction éventuelle du cumul d’un métier et d’un débat parlementaire suscite le plus de résistance. Ces élus craignent, jurent-ils, un Parlement d’apparatchiks ou de fonctionnaires. Sans compter le manque à gagner… Mais réticences ou pas, à la présidence de l’Assemblée, on explique que cette règle du non-cumul va devenir inéluctable. Avec des exceptions, bien entendu.

Jacob fulmine. Interrogé mardi matin sur Europe 1, Christian Jacob dit tout le mal qu'il pensait de cette idée. "Il est sain d’avoir des parlementaires qui ont une activité professionnelle", a estimé président du groupe UMP. "Comment allons-nous transformer l’Assemblée nationale ? Mais qui nous allons avoir à l’Assemblée ? Il n’y aura plus d’agriculteurs, plus de médecins de chirurgiens, d’avocats, de plombier zingueur, de maçon. Ah, si, il y aura des apparatchiks et des fonctionnaires. Ces deux catégorie-là auront le droit d’y être.  Les autres catégories seront bannies de l’Assemblée. C’est ça qu’on veut faire, c’est ça le rideau de fumée que veut nous mettre ce Premier ministre qui n’a pas le courage et l’honnêteté de prendre ses responsabilités".