Montauban : Barèges soupçonnée de détournement de fonds publics

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avec AFP , modifié à
Le parquet a ouvert une enquête concernant un ex-employé de la mairie qui aurait rédigé des articles dans la presse locale.

Brigitte Barèges, la maire UMP de Montauban, a-t-elle embauché un homme, rémunéré par la mairie, pour écrire des articles favorables à sa cause dans la presse locale ? C’est le soupçon qui pèse désormais sur l’élue. Le parquet de Montauban vient en effet d'ouvrir une enquête pour des faits susceptibles de relever du détournement de fonds publics à la mairie, a-t-on appris de source judiciaire.

L’étrange emploi de jean-Paul Fourment. C’est un homme, Jean-Paul Fourment, qui est au cœur de l’affaire. Embauché en septembre 2012 et aujourd'hui âgé de 50 ans, il dit avoir eu pour tâche pendant des mois de rédiger des articles en faveur de Brigitte Barèges, notamment dans une publication locale, le Petit journal, selon l'un de ses avocats, Cyril Caron. L’employé travaillait chez lui, sans le moindre bureau à la mairie, ni la moindre adresse électronique municipale, mais était rémunéré par la ville environ 3.000 euros brut par mois, affirme Me Caron. Les articles de Jean-Paul Fourment visaient surtout à répondre au quotidien La Dépêche du Midi, propriété de Jean-Michel Baylet, président du PRG, avec lequel la maire de Montauban est en guerre. L’homme a aussi été fin 2013 et pendant quelques mois directeur de la campagne municipale de Brigitte Barèges, avant d'être abruptement évincé. Il n'avait pas de contrat, assure-t-il.

Un dossier transmis à la justice via l’opposition. Jean-Paul Fourment a constitué un volumineux dossier, comprenant notamment de mails échangés directement avec Brigitte Barèges et évoqués par Mediapart et la Dépêche du Midi. Puis il a transmis les pièces à la députée socialiste Valérie Rabault, vainqueur de la maire de Montauban, alors sortante, aux législatives de 2012, et au chef de file socialiste au conseil municipal, Claude Mouchard. Ce sont eux qui ont transmis le dossier au procureur  qui ont transmis lundi au procureur Alix-Marie Cabot-Chaumeton. "On va vérifier les affirmations. On va voir si on trouve une qualification juridique aux faits qui sont dénoncés", a affirmé le magistrat. "En gros, on nous dénonce un emploi fictif, (ce) qui en soit ne correspond pas à une qualification juridique" mais peut tomber sous le coup du détournement de fonds publics.

Barèges se défend. "Il n'y a pas de détournement de fonds à la mairie de Montauban", a affirmé Brigitte Barèges lundi soir, après avoir appris la parution imminente d'un article sur le sujet sur Mediapart, "je suis très, très sereine, à la fois sur mon comportement, celui de mes adjoints, de mes élus et de mes services, il n'y a pas de magouille, il n'y a pas de corruption, il n'y a rien", a insisté l’élue. Selon elle, Jean-Paul Fourment était chargé de communication à la mairie et, "de façon totalement autonome, faisait des piges pour le Petit journal, avec des prestations de l'ordre de 400 ou 500 euros par mois (...) pour nous il n'y a rien d'illégal". Et quand Jean-Paul Fourment est devenu directeur de campagne, il a été rémunéré par la campagne, a encore assuré Brigitte Barèges, qui crie à une nouvelle manoeuvre de ses "ennemis".