MJS : "On avait un président qui faisait des avances insistantes, déplacées"

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Théo Maneval, édité par A.D
Une ancienne responsable départementale du Mouvement des jeunes socialistes avait signalé en interne les situations de harcèlement en 2012. En vain. 
TÉMOIGNAGE

Huit femmes, anciennes cadres et militantes du Mouvement jeunes socialiste (MJS) accusent Thierry Marchal-Beck, président des MJS de 2011 à 2013 de harcèlement et d'agressions sexuelles. C'est Libération qui a fait ces révélations mercredi. L'affaire semble mettre en lumière un système de pressions et d'omerta au sein du mouvement, comme en témoigne une ancienne responsable départementale - dont la voix a été modifiée à l'antenne pour garantir son anonymat -, qui a tenté de signaler les choses en interne en 2012, en vain.

"Je l'ai fait remonter et rien ne s'est passé". "C'était un système malsain dans le sens où on avait un président qui faisait des avances insistantes, déplacées, à des jeunes militantes, qui les mettaient en situation d'humiliation. Il ne vous demandait pas votre avis, pas votre consentement. Les filles qui acceptaient pouvaient monter plus facilement, prendre des responsabilités. Au plus haut niveau, ça se savait. Moi, je l'ai fait remonter et rien ne s'est passé", raconte la jeune femme.

"On en parlait, mais il était protégé". Si rien n'a bougé au sein des MJS, c'est selon elle grâce à une omerta : "Ils mettaient en place un mécanisme officieux de protection pour éviter les scandales : il y avait tout le temps quelqu'un qui gérait le président, ils s'arrangeaient pour qu'il n'y ait pas de choses qui sorte. Ça rendait les choses encore plus difficiles pour les victimes. On le savait, on en parlait, mais il était protégé."

(*) Sa voix a été floutée pour garantir l'anonymat.