Ministres et candidats aux municipales : un dossier délicat pour Macron

Gérard Collomb est le membre du gouvernement qui a fait le plus grand pas pour les municipales de 2020.
Gérard Collomb est le membre du gouvernement qui a fait le plus grand pas pour les municipales de 2020. © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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Thibaud Le Meneec , modifié à
Outre Gérard Collomb, plusieurs membres du gouvernement pourraient s'engager en vue des municipales de 2020. Une situation qui pourrait s'avérer délicate pour Emmanuel Macron.

En se déclarant mardi candidat aux municipales à Lyon en 2020, Gérard Collomb a compliqué un peu plus une rentrée déjà difficile pour Emmanuel Macron et sa majorité. Mais le ministre de l'Intérieur n'est pas le seul à avoir 2020 et les municipales dans le viseur. Une équation qui s'annonce périlleuse pour le gouvernement et le chef de l'État dans les mois à venir.

Qui s'est déclaré candidat (ou pourrait le faire) ?

Gérard Collomb est le premier à se déclarer ouvertement candidat pour les municipales, en l'occurrence à Lyon, où il a déjà été maire de 2001 à 2017. Il est aussi le premier des ministres à envisager de démissionner au printemps 2019, après la "bataille des européennes".

Celle des municipales a aussi démarré à Paris : d'un côté, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux "réfléchit" à sa candidature pour 2020, comme il l'a confié dans une interview au Parisien. Il a d'ores et déjà prévu de mener un diagnostic auprès des habitants pendant tout le mois d'octobre. De l'autre, le secrétaire d'État au Numérique, Mounir Mahjoubi, qui s'affirme comme "un bon candidat pour Paris" lors d'une interview au Figaro. Emmanuel Macron devra trancher entre les deux.

Plus au nord, c'est à Tourcoing que Gérald Darmanin se voit bien revenir dans un an et demi. Avant de devenir le ministre de l'Action et des Comptes publics, il y a été maire de 2014 à 2017 et reste premier adjoint de la ville nordiste. "J’ai l’ambition d’être réélu à la place qui sera la mienne à Tourcoing. (…) Si le président de la République ne me le permet pas, j’en tirerai des conclusions nationales", a-t-il déclaré à La Voix du Nord, fin août.

Sans être aussi explicites que leurs collègues, d'autres membres du gouvernement pourraient être tentés par les municipales. Ancien maire de Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence, Christophe Castaner porte un "intérêt" pour la mairie de Marseille et "n'exclut pas" une candidature dans la cité phocéenne, comme il l'a indiqué à La Provence, début juin. Comme Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu est resté premier adjoint de Vernon, dont il fut maire d'avril 2014 à décembre 2015. On lui prête des ambitions pour cette ville de l'Eure en 2020, selon Le Parisien. La secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, pourrait également se présenter aux municipales, selon l'AFP. Si tel était le cas, ce serait très vraisemblablement au Mans, où elle reste adjointe au maire. "Nous serons présents au Mans en 2020", a-t-elle indiqué à propos de LREM dans la ville sarthoise, lors d'une interview au Maine libre.

Quelle est la position d'Emmanuel Macron ?

Quel sera le sort réservé par l'Élysée aux ministres qui souhaiteraient être candidats ? "Le président et le Premier ministre décideront le temps voulu, c'est ce qui leur appartient de façon constitutionnelle", a indiqué un membre de l'entourage du chef de l'État à l'AFP, mercredi. Pour l'heure, selon Le Figaro, tout ministre doit faire savoir s'il souhaite se présenter. Côté timing, les départs après les européennes seront la règle, croit savoir Le Canard enchaîné.

En attendant, l'exécutif souhaite éviter que le sujet des municipales ne perturbe l'action gouvernementale en cette rentrée agitée. "Si on ne veut pas que ça vire au Club Med, il vaut quand même mieux que tout cela soit un peu cadré", prévient un ministre dans le quotidien.

Être ministre et candidat, est-ce possible ?

Oui, et c'est même assez courant. Pour les municipales de 2014, pas moins de 17 membres du gouvernement socialiste Ayrault figuraient sur les listes de candidature, avec seulement deux têtes de liste, à Boulogne-sur-Mer et dans une mairie d'arrondissement à Marseille. Aucun texte n'oblige un ministre candidat à démissionner du gouvernement.

Mais la double casquette crée une "ambiguïté", juge-t-on au gouvernement. Et le risque politique est réel pour l'exécutif, avec des personnalités qui pourraient être critiquées pour leur manque d'implication supposé dans l'exercice de leurs missions. "Cela renvoie l’image d’un gouvernement qui n’est pas à sa tâche", peste ainsi une députée de la majorité dans les colonnes du Parisien, mercredi.