Ministres, attention à vos smartphones

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Fabienne Cosnay , modifié à
Dans une note, Matignon leur délivre quelques conseils pour se protéger des cyberattaques. 

L'INFO. Les révélations sur les techniques utilisées par les renseignements américains en matière d'espionnage ont conduit Matignon à rappeler quelques consignes aux membres du gouvernement pour protéger leurs communications. Selon l'Express, les services de Jean-Marc Ayrault ont envoyé le 19 août une note adressée aux directeurs de cabinet de tous les ministères. "La survenance ces derniers mois de plusieurs atteintes à la sécurité des systèmes d'information conduit à rappeler les règles élémentaires", peut-on lire dans la circulaire. Interrogée sur le sujet à la sortie du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a tenu à relativiser la portée du document. "Il ne faut pas non plus entrer dans une forme de paranoïa (...) Des consignes de cette nature, ça existe depuis longtemps !", a-t-elle assuré, soulignant que les ministres avaient toujours le droit de posséder un smartphone personnel.

>>> Voici le dispositif en fonction du degré d'informations à échanger :

En cas de secret défense. La circulaire de Matignon rappelle d'abord que pour les informations classées "secret-défense", les membres du gouvernement et leurs conseillers doivent, en principe, n'utiliser que les téléphones cryptés Teorem (Téléphone Cryptographique pour Réseau Etatique et Militaire) de Thales. Reste qu'en pratique, la plupart des cabinets n'optent pas pour ces appareils, jugés trop complexes et trop lents pour passer une communication - jusqu'à 30 secondes pour lancer l'appel en raison des clés de sécurité. "Les fonctionnaires de Bercy sont moins sensibles à ces problématiques alors même qu'ils traitent de sujets commerciaux aux enjeux considérables", déplore ainsi un responsable de l'Elysée, interrogé par l'Express. Pour l'échange de documents confidentiels, les cabinets ministériels sont priés d'utiliser l'intranet Isis et surtout pas leurs messageries personnelles.

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Si l'information est jugée "sensible". Pour les communications jugées "sensibles" mais qui ne relèvent pas du secret défense, les ministres ont interdiction d'appeler avec leurs smartphones personnels. "Dans la majorité des cas, précise la note, les informations manipulées ou échangées [...] par les autorités et les cabinets sont sensibles, sans être classifiées." Leur divulgation pourrait toutefois "nuire aux personnes ou à la Nation et doivent faire l'objet d'une protection renforcée". Dans ce cas de figure, les "SMS sont à proscrire" et l'usage d'appareils certifiés par l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) est obligatoire.

Et à l'étranger ? A la lecture du paragraphe "déplacements à l'étranger", on se croirait dans un film d'espionnage. "A l'étranger, il convient d'avoir à l'esprit que les communications téléphoniques ou par voie électroniques peuvent être écoutées, surtout dans les organismes internationaux, les aéroports, les hôtels, les restaurants et les cybercafés", souligne d'abord la circulaire. Les membres du gouvernement doivent aussi faire attention à leurs affaires, quitte à dormir avec, à lire le document de Matignon. "Ne jamais laisser sans surveillance des documents sensibles, des ordinateurs et des téléphones portables, notamment dans une salle de réunion, ou une chambre d'hôtel, même dans un coffre".