Militants, élus, argent : au fait, où en est le MoDem ?

François Bayrou annonce mercredi s'il est candidat à la présidentielle. JEFF PACHOUD / AFP
François Bayrou annonce mercredi s'il est candidat à la présidentielle. © JEFF PACHOUD / AFP
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Thibaud Le Meneec , modifié à
François Bayrou pourrait se déclarer candidat à la présidentielle mercredi après-midi. Mais derrière lui, le MoDem n’est pas en excellente forme.

Mercredi, peu après 16h30, François Bayrou sera peut-être candidat à l’élection présidentielle pour la quatrième fois consécutive. Comme en 2002, 2007 et 2012, le Béarnais veut mobiliser l’ensemble du MoDem. Mais le parti centriste est-il suffisamment solide pour porter le maire de Pau aux marches de l’Élysée s’il se lançait dans la bataille ?

14.000 militants à jour de cotisations. Une campagne présidentielle, ce sont d’abord des militants qui se mobilisent pour coller des affiches, tracter sur les marchés et assurer l’ambiance des meetings. En 2017, le MoDem compte 14.000 adhérents à jour de cotisations, assure à Europe1.fr son secrétaire général, Marc Fesneau. "Nous étions au même étiage en 2012. Et le fichier du MoDem comprend 110.000 sympathisants à qui on pourrait envoyer des mails", ajoute le responsable centriste. "Nous n’aurons absolument aucun problème à mobiliser" si campagne présidentielle il y a, se rassure auprès d’Europe1.fr Marielle de Sarnez, eurodéputée et numéro 2 du parti.

Sauf que les troupes sont beaucoup moins garnies qu’en 2012, quand le parti comptait environ 35.000 militants. Pire, ils étaient 70.000 en 2007, d’après les estimations du Parisien. "La décision de François Bayrou de soutenir François Hollande en 2012 a été un traumatisme. Elle a fait fuir de nombreux militants", éclaire Jean-Pierre Rioux, historien spécialiste du centre.

Très peu d’élus, aux niveaux local et national. À défaut d’avoir un gros bataillon de militants, le MoDem peut-il compter sur de nombreux élus ? À l’Assemblée nationale, plus aucun député n’est affilié au mouvement depuis le départ de Jean Lassalle, qui n’a pas renouvelé son adhésion en août dernier pour se lancer dans la course à la présidentielle. "On a un atout formidable : on n’a pas de sortant. Cela nous permet de nous renouveler et nous rajeunir", se console Marielle de Sarnez. Au Sénat, six élus sur 348 sont étiquetés MoDem. Quant au Parlement européen, ils sont quatre élus du mouvement à siéger pour la délégation français de l’Alliance des libéraux et des démocrates européens (ALDE). Et au niveau local, seules six villes de plus de 30.000 habitants sont dirigées par des édiles MoDem depuis 2014.

Pas de dettes, mais le risque d’un non-remboursement des frais de campagne. Avec un faible nombre d’élus, le parti récupère très peu d’argent public. "Nous sommes beaucoup moins riches que le Parti socialiste et Les Républicains", concède Marielle de Sarnez, qui insiste sur le fait que le MoDem n’a pas de dettes en 2017. "Le siège du parti [dans le cossu 7ème arrondissement de Paris, NDLR] nous appartient", se félicite Marc Fesneau. De quoi pouvoir encaisser un non-remboursement des frais de campagne si François Bayrou récoltait moins de 5% des suffrages au premier tour de la présidentielle ? "Ce n’est pas une inquiétude, le parti peut faire face. À aucun moment, cette question n’a pesé dans notre choix quant à l’élection", évacue le secrétaire général. "Le parti n’est pas aux abois car il y a des garanties financières", confirme Jean-Pierre Rioux.

Pour autant, les cadres excluent l’idée d’une campagne clinquante et basée sur quelques meetings d’ampleur, si François Bayrou décide d’être candidat. "Le moment est à la sobriété, il ne faut pas oublier que c’est de l’argent public", affirme Marc Fesneau. "Il n’est pas nécessaire de claquer des millions", abonde Marielle de Sarnez. "Cette attitude de sobriété est dans l’ADN du MoDem, avec la thématique de l’argent corrupteur avancée par François Bayrou", analyse quant à lui Jean-Pierre Rioux.

Un parti barré par Macron. Et si le plus gros obstacle de François Bayrou et du MoDem s’appelait Emmanuel Macron ? D’après la dernière enquête Elabe pour L’Express, le candidat centriste est largement devancé par l’ancien ministre de l’Économie, avec 6% contre 17% d’intentions de vote. Depuis son lancement, Emmanuel Macron n’a eu de cesse de chasser les militants du MoDem pour les convaincre de rejoindre En marche ! en vue de la présidentielle. Marc Fesneau reconnaît des départs "marginaux", mais qui ne "représentent pas un mouvement vaste" dans l’ensemble du parti. "François Bayrou a gardé ses idées, c’est ce qui a empêché les départs en masse vers En marche !. À l’inverse, l’UDI connaît cette division car il n’y a pas eu d’accord avec François Fillon", explique Marc Fesneau. "Le MoDem pâtit du fait que les militants sont partis ailleurs. Mais il n’y a pas de danger de voir ce mouvement sombrer", juge Jean-Pierre Rioux. L'infrastructure du parti pourrait donc supporter la candidature de François Bayrou, si celui-ci décide finalement de se lancer dans la bataille.