Migrants faisant du "benchmarking" : le gouvernement défend Gérard Collomb

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Europe1.fr avec AFP
Au sein de la majorité, on tache d'expliquer les propos tenus en commission au Sénat par le ministre de l'Intérieur, qui a déclaré que les migrants font du "benchmarking" au moment de choisir leur destination.

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a défendu jeudi le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, critiqué pour avoir dit que les migrants font du "benchmarking" en comparant les pays européens, estimant qu'il faisait référence "aux passeurs et aux filières".

La faute aux passeurs. Le délégué général de La République en marche Christophe Castaner est également monté au créneau, sur RMC et BFMTV, jugeant qu'"il ne faut pas prendre les migrants" et les "passeurs" "pour des imbéciles" qui ne se parleraient pas entre eux pour s'orienter vers les pays où il est le moins difficile d'obtenir des papiers. "Je n'ai pas à commenter le terme" utilisé par Gérard Collomb, a déclaré Benjamin Griveaux sur LCI, tout en notant que "la première nationalité qui demande le droit d'asile aujourd'hui en France" était "l'Albanie", pays qui n'est pourtant pas en "situation de guerre" ou dont "l'Etat de droit (serait) menacé". C'est donc "beaucoup plus des passeurs et des filières qu'il s'agissait que des personnes dans le plus grand dénuement dans les camps du sud de la Libye ou en Syrie auxquelles pensait le ministre de l'Intérieur quand il s'est exprimé hier", a-t-il estimé.

Une seule voix dissonante. Gabriel Attal, porte-parole de LREM, s'est toutefois démarqué des propos de Gérard Collomb: "Moi je pense que s'il y a un benchmark qui est fait aujourd'hui par les migrants, il est assez simple: c'est mourir chez eux, ou survivre ailleurs. C'est se faire mettre en esclavage en Libye ou risquer leur vie", a-t-il déclaré sur France Inter. "Je n'ai pas à expliquer les propos du ministre de l'Intérieur. Ce que je sais, c'est que dans la réforme qu'il a portée, pourtant, il y a des vraies mesures pour l'intégration des réfugiés", a-t-il ajouté.

"Telle nationalité se dirige plutôt vers tel pays". Le ministre de l'Intérieur a déclaré mercredi en commission au Sénat que "les migrants aussi font un peu de 'benchmarking' (analyse comparative, un terme de marketing, NDLR) pour regarder les législations à travers l'Europe qui sont, on va dire, les plus fragiles, et vous voyez par exemple que telle nationalité, que là encore je ne citerai pas, elle se dirige plutôt sur tel pays non pas parce qu'elle est plus francophile mais parce qu'elle juge que là, c'est plus facile". Avant ces propos de Gérard Collomb, la ministre chargée des Affaires européennes Nathalie Loiseau avait parlé début mai de "shopping de l'asile", une expression "malheureuse", avait-elle reconnu, mais "communément utilisée par les institutions et les spécialistes européens du droit d'asile" selon elle.