Migrants à Calais : un campement en 2016 et 5 millions d'aide

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L.H. avec AFP , modifié à
Le Premier ministre s'est rendu à Calais lundi, en compagnie de deux commissaires européens qui ont annoncé le déblocage de 5 millions d'euros supplémentaires.

"Nous sommes venus" pour dire "que nous sommes là, que l'Europe est là", a déclaré le Premier ministre Manuel Valls, lors de sa visite à Calais lundi, un des lieux emblématiques de la crise migratoire. Le Premier ministre a annoncé la construction pour "début 2016" d'un campement humanitaire pouvant accueillir 1.500 personnes.

"L'Europe est en train de se mobiliser pour apporter des solutions de manière méthodique, de manière intelligente en conciliant ce qui est indispensable, l'accueil et l'aide humanitaire", a assuré Manuel Valls. Il a aussi insisté sur "la fermeté". "Fermeté contre les passeurs (...) fermeté aussi à l'égard de l'immigration clandestine que nous ne voulons pas confondre avec le droit d'asile, et on le fait pour que chacun ait une solution digne".

5 millions débloqués pour l'accueil des migrants. En compagnie de deux commissaires européens qui ont annoncé le déblocage de 5 millions d'euros supplémentaires pour améliorer l'accueil des réfugiés sur place, Manuel Valls a appelé à une politique migratoire européenne durable en matière d'asile. Il a d'ailleurs a affirmé que l'Europe était en train de se mobiliser "pour apporter des solutions de manière méthodique, de manière intelligente".

Frans Timmermans, le premier vice-président de la Commission, a affirmé que l'Union avait les moyens d'accueillir "ceux qui ont besoin de protection". "Nous pouvons le faire. Les chiffres restent tout à fait gérables pour un continent de 500 millions d'habitants", a-t-il dit à la presse, estimant que "Calais peut devenir un modèle". Frans Timmermans a précisé que la Commission allait accorder "jusqu'à 5 millions d'euros supplémentaires", pour la création d'un structure d'accueil pour environ 1.500 migrants en plus du centre de jour Jules Ferry déjà construit.

Un geste insuffisant. L'annonce du déblocage de 5 millions d'euros n'a pas pour autant fait bondir de joie à Calais. "C'est un geste mais un geste relativement faible, il faudrait 25 millions. La commission aurait pu aller un peu plus loin", a déclaré Natacha Bouchart, sénateur-maire Les Républicains de Calais.

L'élue réclame que les Britanniques ouvrent aussi sur leur territoire un centre d'accueil pour désengorger Calais et attend une compensation financière de l'Etat pour sa ville. "L'urgence n'est pas là. Elle est dans des plans adaptés à l'échelle européenne, il est surtout incroyable d'aller aussi lentement", estime de son côté Jean-Claude Lenoir, membre d'associations humanitaires venant en aide aux migrants. "Que l'Europe aille plus vite avec la création d'une carte de séjour européenne, de camps répartis en Europe", ajoute-t-il.

Dans un message aux candidats au passage en Grande-Bretagne, le Premier ministre français a assuré que la frontière franco-britannique était aujourd'hui pleinement contrôlée. "Venir à Calais, c'est se jeter dans une impasse", a-t-il dit. "Toute l'Europe est concernée par cette crise d'une exceptionnelle gravité, elle doit se mobiliser", a dit Manuel Valls, jugeant essentiel de distinguer le droit d'asile de l'immigration clandestine, qui doit être combattue.

Une réunion d'urgence à Bruxelles. L'Allemagne et la France pressent l'UE d'agir plus vite et avec plus d'unité pour faire face à l'aggravation de la crise. L'Italie, qui est avec la Grèce et la Hongrie parmi les pays les plus exposés, a dit son intention de faire de la création d'un droit d'asile européen "la bataille des prochains mois". Le Luxembourg, qui assure la présidence tournante de l'Union européenne, organisera le 14 septembre une réunion d'urgence des ministres de l'Intérieur des Vingt-Huit consacrée aux mesures à prendre pour faire face à l'afflux de migrants.