C'est une véritable feuille de route - ou du moins un plan de vol -qu'Angela Merkel et Jacques Chirac ont fixé à l'avionneur européen. Soucieux de ne pas se substituer à la direction d'EADS, la chancelière allemande et le président français, réunis au château de Meseberg pour un sommet informel, ont marqué leur volonté "d'assumer leur responsabilité politique" en adoptant une déclaration commune sur le dossier Airbus. Jacques Chirac a plaidé avec insistance pour un plan social respectueux des quelque 55.000 salariés du groupe et s'est prononcé contre tout licenciement sec et fermeture de site qui ne soit "pas compensée ou organisée". Le président français a précisé en outre que le conseil d'administration d'EADS, maison-mère d'Airbus, devrait "tirer toutes les conclusions" de la feuille de route franco-allemande "dans un délai rapide". "La chancelière et le président de la République soulignent avec force leur intérêt commun à un partage équitable des efforts dans la perspective de succès communs pour l'avenir", peut-on lire dans la déclaration commune. "Au moment où Airbus doit prendre dans les prochains jours des mesures pour conforter sa compétitivité, ils lui apportent leur plein soutien et se déclarent vigilants sur l'emploi, les technologies et l'équilibre des compétences dans tous les pays concernés", précise le document. "Les chances et les sacrifices doivent être équitablement répartis", a martelé Angela Merkel lors d'une conférence de presse commune avec Jacques Chirac. Le président français a insisté sur les implications sociales du plan, qui pourrait prévoir 10.000 suppressions de postes. "Dans l'état actuel des choses, s'il y doit y avoir des sacrifices, ils doivent tenir compte essentiellement du fait qu'il ne s'agit pas de pions mais de familles et deuxièmement que cela doit s'inscrire dans le cadre d'un dialogue social fort", a-t-il souligné. La présentation du plan d'assainissement d'Airbus "Power 8", attendue mardi, a été reportée sine die faute d'accord entre Français et Allemands sur la répartition de la charge de travail du futur long courrier A350 XWB. Louis Gallois, président d'Airbus et coprésident d'EADS, aurait en main un compromis susceptible de lever les réserves allemandes. Le plan remanié qui, selon Les Echos, pourrait être présenté la semaine prochaine au conseil d'administration du groupe aéronautique, octroierait à l'Allemagne une part plus importante de la charge de travail des A320. Celle-ci abandonnerait en contrepartie ses prétentions sur l'A350 XWB.