Mélenchon, un défilé pour marquer les esprits

© ALAIN JOCARD / AFP
  • Copié
avec AFP
En réunissant sa "France insoumise" dimanche à Paris, le candidat à la présidentielle veut montrer ses muscles à moins d’un an de l’échéance. 

"On verra le 5 juin si je suis un homme seul!". D’une formule, lâchée samedi lors d’un débat, Jean-Luc Mélenchon a résumé l’enjeu du défilé de "la France insoumise", qu’il organise dimanche à Paris au départ de la place Stalingrad. Celui qui s’est lancé dans la course à la présidentielle en février dernier hors des partis et en particulier du Front de gauche, dont il acta ainsi l’échec, veut montrer que sa démarche n’est pas vouée à l’échec. "Ce doit être une démonstration de force, un message adressé à la France des puissants qui redécouvre ces temps-ci une réalité qu'elle croyait être parvenue à effacer du paysage", affirmait l’eurodéputé lundi le candidat sur son blog.

"Au moins 6.000 personnes." Avant la manifestation, les ambitions sont raisonnables. L’entourage de Jean-Luc Mélenchon table sur "au moins 6.000" personnes, alors que le candidat lui-même voit plus haut, évoquant parfois 8.000 participants espérés. En 2011, alors qu’il venait de se lancer à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon était parvenu à réunir 6.000 personnes lors de son premier rassemblement de campagne. Mais l’eurodéputé pouvait alors sur le soutien du Parti communiste et de sa force militante. Cette fois, ce ne sera pas le cas. En revanche, Jean-Luc Mélenchon peut se targuer de près de 111.000 soutiens sur son site de campagne. Reste donc à savoir comment cela se traduira sur le terrain.

La loi Travail comme tremplin. En dehors de ses soutiens, Jean-Luc Mélenchon peut aussi compter sur un contexte favorable, avec un mouvement social d’ampleur, inédit sous un gouvernement de gauche, contre la loi Travail. Alors le candidat présente le rassemblement de dimanche comme "un évènement de la campagne de 2017 mais aussi un temps particulier" du mouvement social en cours. Car il lui permet de s'adresser aux déçus de François Hollande. "Les coups que nous recevons sont une école indépassable, c'est d'abord autant de bulletins de vote en moins pour le PS, qui n'iront pas à droite pour autant ! Ce sont des coeurs à prendre", se félicite-t-il.  "Le meilleur service que Hollande rendrait au pays serait de renvoyer Valls et mettre la loi El Khomri dans les cartons", estime-t-il encore dans un entretien au Parisien de vendredi, histoire de capitaliser à plein sur la grogne.

Le PCF, ami ou ennemi ? Mais Jean-Luc Mélenchon compte aussi profiter d’un autre événement d’actualité : le congrès du PCF, qui se clôture opportunément dimanche, après un discours du secrétaire national Pierre Laurent. Car si la rupture est presque consommée avec la direction du Parti communiste, le candidat compte bien attirer dans ses filets des militants. Ainsi, un appel en ligne à voter Mélenchon, qui circule parmi les militants, avait recueilli près de 2.000 signatures vendredi. Surtout l'ancienne patronne du parti, Marie-George Buffet, a annoncé publiquement son intention de se rendre au "défilé de la France insoumise" dans la foulée de la fin du Congrès.

"Je suis prêt à faire équipe", assure Jean-Luc Mélenchon dans le e-mensuel Regards. "Comme si nous n'avions pas les bases d'une candidature, comme si nous n'avions pas déjà réuni quatre millions de voix et comme si nous n'avions pas déjà un programme partagé", rappelle-t-il. Sur RTL, il n’a pas fait mystère de ses ambitions. "Les communistes, d'abord, beaucoup d'entre eux sont engagés dans ma campagne. Ils n'ont pas attendu la décision qui, à mon avis, finira par se produire, du parti lui-même", a lâché le député européen, sûr de sa force.