Mélenchon : 100 jours "de temps perdu"

Le président de la République avait reçu Jean-Luc Mélenchon à l'Elysée au mois de juin dernier.
Le président de la République avait reçu Jean-Luc Mélenchon à l'Elysée au mois de juin dernier. © Max PPP
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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
L'ex-candidat du Front de gauche qualifie de "creux" le début du mandat de Hollande.

Après plusieurs mois de silence, l'ancien candidat Front de gauche à la présidentielle dresse un violent réquisitoire contre l'actuel locataire de l'Elysée. Dans une interview au Journal du Dimanche, Jean-Luc Mélenchon tire à boulets rouges et  qualifie de "creux" les cent premiers jours du mandat de François Hollande.

"Ce fut une session du temps perdu. Cent jours pour presque rien", déplore-t-il, ajoutant : "quand je regarde le creux des cent jours et la multiplication des commissions, j'en conclus que nous étions mieux préparés que les socialistes à exercer le pouvoir".

"Un coup de serpillère" sur les "taches" de Sarkozy

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© REUTERS

Pour Jean-Luc Mélenchon, décidément pas tendre avec le pouvoir socialiste, "Hollande a désamorcé le contenu insurrectionnel du vote de la présidentielle. Il l'a dilué dans les sables des plages du Var. Comme si l'élection s'était résumée à une question de personnes : un normal à la place d'un agité et tout serait dit. Eh bien, non. Et on ne parviendra pas à nous faire confondre normal et social-libéral !", lance le candidat défait aux dernières législatives à Hénin-Beaumont. 

"Après dix ans, la gauche revient au pouvoir et tout ce qu'il y aurait d'urgent à faire, ce serait un collectif budgétaire et une loi sur le harcèlement sexuel ? Nos députés ont voté le collectif: c'est un coup de serpillière sur les plus grosses taches laissées par Sarkozy. Mais ce n'est pas assez pour faire le ménage", estime-t-il. "Pourquoi ne pas avoir passé la loi sur les licenciements boursiers ? (...) Et la loi bancaire ? Il fallait marquer un rapport de force avec la finance (...) ! Il faut faire le boulot maintenant ! L'atermoiement continu laisse les mains libres à la finance ! Assez temporisé !", s'emporte-t-il.

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Hollande et les "désastres grec, espagnol et portugais"

Dans le détail des chantiers entamés par le gouvernement, Jean-Luc Mélenchon qualifie également de "faute" le fait qu'Arnaud Montebourg n'ait pas fait voter à la session de juillet "la loi interdisant les licenciements boursiers et accordant un droit de préemption des travailleurs sur les entreprises abandonnées par leurs propriétaires". Pour lui, il y a eu "capitulation" du chef de l'Etat lors de la négociation du volet croissance, en juin, du traité européen budgétaire : "Hollande est un social-libéral comme ceux qui ont déjà conduit aux désastres grec, espagnol et portugais", assure-t-il. "Ce n'est pas parce que François Hollande veut être normal que la situation va le devenir", selon lui.

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"Valls fait du Valls"

Sur les Roms, il raille également l'action du gouvernement : "quelle est la différence entre un baraquement cassé sur ordre d'un ministre de droite et un baraquement cassé sur ordre d'un ministre de gauche ? C'est le degré zéro de l'imagination ! La répression ou le statu quo: est-ce la seule alternative ? Ce n'est pas acceptable. Là aussi, il y a des mesures urgentes à prendre: ouvrir l'accès au marché du travail, par exemple. Valls fait du Valls. Mais c'est Hollande le patron, non ?"

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