Fédération socialiste du Nord : Martine Aubry perd la main

Martine Aubry enchaîne les revers ces derniers mois.
Martine Aubry enchaîne les revers ces derniers mois. © MEHDI FEDOUACH / AFP
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REVERS - La maire de Lille, qui enchaîne les déconvenues, vient de perdre la main sur la Fédération socialiste du Nord.

Martine Aubry perd progressivement son influence dans le Nord. Après une nuit riche en rebondissements, le protégé de la maire de Lille, Gilles Pargneaux, s'est retiré de la course à sa propre succession à la tête de la puissante Fédération socialiste du département. C'est Martine Filleul, la candidate soutenue par Patrick Kanner, ministre de la Ville et rivale en chef de Martine Aubry, qui devient désormais maîtresse à bord.

Une victoire acquise au petit matin. Selon les résultats transmis dans la nuit de jeudi à vendredi, Martine Filleul arrive largement en tête avec 47,91% des voix, devançant ainsi Gilles Pargneaux et ses 41,6%. Un deuxième tour digne de ce nom aurait pu avoir lieu. Mais le candidat aubryste, sentant le revers arriver, a finalement décidé de se retirer aux alentours de 4h du matin. Martine Filleul fera donc le deuxième tour en solo. Quelques heures avant, les deux candidats étaient pourtant au coude à coude. Mais Gilles Pargneaux a subi de sérieuses déconvenues dans de nombreuses fédérations: à Dunkerque (117 contre 16), Wattrelos  (149 voix contre 7) ou encore Cambrai (37 contre 4) par exemple. Même à Lille, Martine Filleul l'aurait emporté de deux voix, selon La Voix du Nord.

Un échec pour Martine Aubry. La maire de Lille s'était pourtant personnellement engagée dans la bataille. Mercredi, elle a écrit un courrier aux militants pour leur demander de soutenir Gilles Pargneaux. "Pourquoi faire subir tant d'attaques à notre Premier Secrétaire (...) ? Que dire aussi de la convivialité dont se pare Martine Filleul dans une telle campagne d'insultes ?", écrivait-elle, mettant en garde contre le "populisme". Cela n'a visiblement pas convaincu. "Elle a écrit que nous avions déjà connu le populisme à la tête de notre fédé et qu’il fallait le laisser à la gauche radicale et à la droite. C’est un scandale. Qu’est-ce qu’on envoie comme signal à nos partenaires de gauche en écrivant cela ?", déplore ainsi une militante vendredi matin, interviewée par Le Monde.

Kanner /Aubry, la guerre est déclarée. Mercredi toujours, dans un souci "d'apaisement", Patrick Kanner avait pourtant appelé au retrait de la candidature de Martine Filleul, ce qu'elle a refusé de faire. Mais selon le camp aubryiste, tout était calculé. "On s'est fait endormir, ils nous ont fait poireauter et au final, Martine Filleul est passée pour la gentille et a raflé la mise", regrette dans l'Opinion un proche de la maire de Lille. La guerre entre le ministre de la Ville et l'ancienne ministre du Travail semble désormais inévitable.  "Kanner n’a de cesse d’attaquer Aubry. Son vrai sport, c’est celui-là", observe un "ténor" cité par l'AFP. "Mme Aubry souhaite la peau de Kanner car derrière, il y a les municipales. Maintenant, le feu est dans Lille", abonde encore un ministre.

Aubry s'enfonce encore un peu plus. Martine Aubry enchaîne les revers ces derniers mois. Cette défaite intervient un peu plus d'un an après la perte de la communauté urbaine de Lille, tombée à droite. En outre, l'ancienne ministre de Lionel Jospin avale de plus en plus de couleuvres de la part du gouvernement, et ce malgré son soutien à la motion pro-Hollande de Jean-Christophe Cambadelis, lors du dernier congrès du PS. Dernière couleuvre en date : le plan Valls en faveur de l'emploi des PME, qui l'a faite hurler de colère, raconte Le Lab. Conséquence probable : plusieurs aubrystes pourraient entrer prochainement au gouvernement. Ce qui représenterait un dernier espoir pour la maire de Lille de ne pas perdre définitivement la face après avoir perdu le Nord.