Marseille vs Bretagne : le couac de com’ du gouvernement

Jean-Marc Ayrault annonce des milliards pour Marseille, et laisse l'impression aux Bretons d'être les oubliés du jour.
Jean-Marc Ayrault annonce des milliards pour Marseille, et laisse l'impression aux Bretons d'être les oubliés du jour. © MaxPPP
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et Alexandre Kara , modifié à
Des milliards pour Marseille, 15 millions pour la Bretagne… Le télescopage des annonces passe mal.

Voilà ce qu’on appelle un télescopage en bonne et due forme. D’un côté, Jean-Marc Ayrault, qui promet depuis Marseille un plan de plusieurs milliards d’euros pour sortir la ville de son marasme. De l’autre, Stéphane Le Foll et Guillaume Garot promeuvent en Bretagne un plan d’urgence de… 15 millions d’euros pour sortir la région de la crise. La réalité qu’englobent ces deux chiffres est bien évidemment plus compliquée qu’elle n’en a l’air. Mais l’impression donnée est, en termes de communication, catastrophique.

"On se fiche de nous". A en croire François Coulon, correspondant d’Europe 1 dans l’Ouest, le différentiel conséquent entre les deux sommes a fait bondir en Bretagne. Les "bonnets rouges" y voient une nouvelle occasion de dénoncer le désamour voire le mépris gouvernemental pour la Bretagne. "On se fiche de nous", s’emportait l’un d’eux. Beaucoup étaient déjà scandalisés par ce qu’ils qualifiaient de "mesurettes indignes". Le très gros cadeau fait aujourd’hui à Marseille renforce l'impression d'un "deux poids, deux mesures" jugé insupportable.

Même dans la majorité, on s'interroge "C'est comme si on payait l'addition marseillaise rubis sur l'ongle et qu'on laissait le pourboire à la Bretagne", image ainsi un député socialiste interrogé par Europe 1. Un ministre cible anonymement le chef du gouvernement. "C'est à se demander parfois si Jean-Marc Ayrault et le Premier Ministre se parlent. C'est de la schizophrénie ministérielle", peste-t-il.

Un peu d’explications aurait suffi. Et pourtant, un tel couac était évitable en expliquant ce qui se cache derrière les milliards promis à Marseille. La plupart des mesures qu’a annoncées le Premier ministre dans la cité phocéenne étaient en effet déjà budgétées. En outre, les trois milliards concernés sont étalés sur plusieurs années, jusqu’en 2030.

Quant aux 15 millions promis à la Bretagne, il s’agit d’une aide nouvelle d’urgence, et le gouvernement en promet bien d’autres. "On oublie le milliard d’euros annoncé par le Premier ministre sur la mobilisation de la BPI et sur les primes à l’investissement d’avenir", a détaillé Stéphane Le Foll vendredi sur Europe 1. "Il y a un deuxième élément, avec le deuxième pilier de la PAC. La Bretagne va profiter du doublement du Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural, ndlr), de 175 millions d’euros à 368 millions d’euros. J’y ajoute la fait qu’avec le CICR plus les exonérations sur le travail saisonnier, la Bretagne, son industrie agro-alimentaire, son agriculture, bénéficiera dès 2014 de 54 millions. Et en 2015 de 68 millions", a énuméré le ministre de l’Agriculture.

(A partir de 8'50) :

Mais le mal est fait. Malgré ces explications, il sera très difficile pour le gouvernement d'effacer l'impression que dans le cas de la cité phocéenne, il y a réponse politique, avec les municipales en ligne de mire, alors qu'en Bretagne il n'y a que l'urgence économique. Bref, le gouvernement prend le risque donner le sentiment qu'en France il y a, effectivement, deux poids deux mesures.

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