Marine Le Pen n'a plus d'immunité

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et Benjamin Bonneau, avec agences , modifié à
Comme attendu, le Parlement européen s'est prononcé en ce sens, ouvrant la voie à une procédure judiciaire.

L'INFO. Marine Le Pen pourra être entendue par le parquet de Lyon dans le cadre d'une enquête pour "incitation à la haine raciale". Le Parlement européen a en effet décidé mardi de lever l'immunité parlementaire de l'eurodéputée française. Une décision qui n'a pas surpris Marine Le Pen. "Oui, ça va arriver parce que je suis une dissidente", avait-elle anticipé lundi. "Je ne le crains absolument pas" et "je m'en moque", avait-elle ajouté. Ce vote intervient quinze jours après celui effectué en ce sens par la commission des Affaires juridiques du Parlement, le 19 juin. Une large majorité de députés s'y étaient déjà déclarés favorables, arguant que les propos litigieux, prononcés durant la campagne en vue de la désignation d'un nouveau président pour le Front national, n'avaient pas de lien "direct et évident" avec les activités parlementaires de Marine Le Pen.

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Marine Le Pen

Vers une procédure judiciaire. Cette décision va ouvrir la voie à une procédure judiciaire contre l'eurodéputée française, pour des propos tenus le 10 décembre 2010, lors d'un meeting politique à Lyon, où elle comparait les prières de rues à l'Occupation. "Maintenant, il y a dix ou quinze endroits où, de manière régulière, un certain nombre de personnes viennent pour accaparer les territoires (…) Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment parler de la Seconde guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c'est une occupation du territoire. Certes, il n'y a pas de blindés, pas de soldats, mais c'est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants", s'était-elle exprimée. Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) avait porté plainte dans la foulée. L'"incitation à la haine raciale" est un délit passible de cinq ans de prison et 45.000 euros d'amende.

Florian Philippot front national 930620 reuters 23.05.12

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"Tiré par les cheveux". Interrogé par i>Télé dans la foulée de la décision du Parlement européen, Florian Philippot (photo), le vice-président du Front national a critiqué la levée de l'immunité parlementaire. "C'est tiré par les cheveux", a-t-il dit. "Il s'agit bien d'une occupation de l'espace public, on peut aussi appeler ça l'accaparement de l'espace public", a-t-il ajouté. "Mais les Français en sont conscients : Marine Le Pen dérange", fustige encore Philippot. "Qu'ils ne comptent pas sur nous pour nous taire. [Cette affaire] nous offre une tribune inespérée pour parler des prières de rue, un problème qui n'a été réglé ni par Nicolas Sarkozy, ni par François Hollande", a-t-il conclu.

henri guaino

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"Une double faute". Avant même la décision du parlement européen, Marine Le Pen avait reçu le soutien d’Henri Guaino (photo). Sur Radio Classique, mardi matin, le député UMP des Yvelines a estimé que "la judiciarisation - pour employer ce mot barbare - du débat public nous conduira à la catastrophe, comme toujours dans l’histoire. Il y a des choses qui sont insupportables et qui, pour autant, ne relèvent pas de l’appréciation du juge." Et l'ancienne plume de Nicolas Sarkozy de conclure : "le juge n’a à juger ni de l’opportunité des décisions politiques ni de toutes les paroles prononcées, même excessives, même scandaleuses, même extrêmes, même honteuses par les hommes politiques et par les élus. C’est au peuple d'en décider."

Lionnel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes va dans le même sens que son collègue des Yvelines :

"Une première victoire".La tonalité est évidemment différente du côté du collectif contre l’islamophobie en France, qui s’était porté partie civile dans cette affaire et qui a réagi quelques minutes seulement après la décision du parlement européenne par voie de communiqué : "nous nous félicitons de cette décision et accueillons avec satisfaction cette première victoire. Sans immunité la présidente du Front National s’expose à des poursuites judiciaires. Nous sommes plus que jamais déterminés à dénoncer ceux qui attisent la haine et stigmatisent les minorités."