Marine le Pen : les politiques divisés

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Fabienne Cosnay , modifié à
Droite et gauche ne font pas la même lecture du sondage plaçant Le Pen en tête du premier tour.

Le nouveau sondage Harris interactive publié mardi dans Le Parisien installe la candidate d'extrême droite, Marine Le Pen, en tête du premier tour de la présidentielle de 2012. Face à cette nouvelle étude, responsables de gauche et de droite se sentent déstabilisés, voire déconcertés. Faut-il réagir à ce sondage ? Et si oui, comment ?

Au PS, les avis sont partagés sur la stratégie à adopter. La première secrétaire du PS, Martine Aubry n'a pas souhaité réagir lundi soir à ce nouveau sondage. "Les coups médiatiques sont souvent faits par les politiques mais pas seulement. Je me rends compte, enfin c'est ce que disent les concurrents de ceux qui ont présenté ce sondage, que ça pourrait être un coup médiatique", avait déjà commenté la première secrétaire du PS au sujet du premier sondage.

Sur Europe 1, François Hollande a indiqué pourquoi il prenait ce sondage au sérieux. "C'est une alerte, parce qu'il y a une incertitude dans l'élection. Ce sondage n'indique pas un ordre d'arrivée pour l'élection présidentielle, ce sondage indique une montée de l'extrême droite", a estimé le député de Corrèze.

"C'est une alerte" :

"Qui nourrit le Front national ?"

Sur le fond, Martine Aubry a renvoyé la responsabilité de la montée du Front à l’UMP. "Qui nourrit le Front national ? Ceux qui passent leur temps à parler de la peur de ceux qui sont différents, au lieu de défendre notre pays dans sa diversité. Qui aujourd'hui fait que des hommes et des femmes se sentent humiliés, abandonnés, oubliés, si ce n'est la politique de Nicolas Sarkozy ?", a-t-elle fustigé lors d'un discours à Lille, lundi soir.

Pour François Hollande, la responsabilité est collective. "C'est un problème qui concerne la droite et l'extrême droite mais qui concerne aussi toutes les forces politiques et notamment la gauche", a indiqué l'ex-patron du PS, appelant à apporter "des réponses à ceux qui expriment aujourd'hui une colère, un cri même contre une situation qui leur est insupportable".

"Le reflet des interrogations des Français"

Du côté de l'UMP, on reconnaît la poussée de Marine Le Pen, en analysant la montée du Front national comme un signe d’inquiétude au sein de la population. "Une frange des Français a peur de la mondialisation, a peur de la construction européenne, a peur que l'identité française se dissolve dans le libéralisme européen", a commenté Eric Besson sur I-Télé. "Une autre part des Français a peur de l'étranger, de l'islam, d'un certain nombre de conditions de l'intégration" a-t-il ajouté. Pour Jean-François Copé, "les scores du Front national sont le reflet des interrogations des Français" et "un signal d'alarme" donné à 14 mois de l'élection présidentielle. "Il y a aujourd'hui une vague de populisme sans précédent en Europe", a ajouté sur Europe 1 mardi matin, sur la même tonalité, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé Xavier Bertrand. "Pourquoi ? Parce que la crise n'est pas finie".

"Une vague de populisme sans précédent" :

Au sein du parti majoritaire, rares sont ceux qui ont livré une autre interprétation du sondage. "Il ne faut pas tourner autour du pot. Ce sondage me fait peur", a reconnu le député UMP de Paris Bernard Debré. "Il faut qu'on regarde, nous à l'UMP, ce qu'on est en train de faire sur l'islam, sur l'identité nationale, sur la laïcité qui n'est pas compris", a-t-il estimé.

"Nous avons agité des chiffons rouges"

"Ces derniers temps, nous avons agité un certain nombre de chiffons rouges qui visaient à mettre en débat des questions que les Français ne jugeaient pas prioritaires", a renchéri sur Europe 1 l’ancien porte-parole de l’UMP Dominique Paillé, faisant référence au débat sur l’identité nationale ou celui lancé récemment sur la laïcité.

François Fillon est lui aussi monté au créneau, lundi, sur le sujet. Il a jugé que "l'opposition devait aussi s'interroger sur sa propre attitude et sa propre responsabilité dans cette situation". "Qu'on ait un débat d'idées, c'est normal, (mais) depuis quatre ans, jour après jour, avec une violence extrême (...) le Parti socialiste dénigre le président en employant des formules dont les plus récentes sont absolument odieuses", a estimé le Premier ministre.