Le FN a-t-il sa place dans la marche républicaine de dimanche ?

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Louis Hausalter , modifié à
POLÉMIQUE - La présidente du FN s'insurge de ne pas être invitée au rassemblement organisé dimanche à l'initiative de la gauche, dénonçant le "sectarisme" des autres partis.

L'union nationale n'aura tenu que 24 heures. La polémique faisait rage, jeudi, sur la présence ou non du Front national à la "marche républicaine" organisée dimanche à Paris après l'attentat qui a visé Charlie Hebdo. Côté FN, on s'insurge de ne pas être invités. "L'ensemble des partis politiques qui ont participé à la réunion d'organisation de cette manifestation, sans avoir convié le Front national, en sont sortis pour dire que le FN était exclu de cette manifestation d'union nationale. Il n'y a donc plus d'union nationale", a dénoncé Marine Le Pen, jeudi sur Europe 1. Pour la présidente du FN, ces partis "sont les porteurs de la division nationale, du sectarisme".

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Le FN pas associé aux préparatifs. L'idée de ce rassemblement a été lancée dès mercredi par Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS (photo), et la plupart des partis y ont été associés. Une première réunion de préparation s'est tenue jeudi, réunissant notamment le PS, le Parti communiste français, les écologistes, les radicaux de gauche, le Parti de gauche, l'UMP, l'UDI ou encore le MoDem. Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, a également annoncé qu'il faisait partie de la coordination.

Marine Le Pen, elle, ne devrait donc pas battre le pavé dimanche. Et n'hésite pas à se poser en victime, dénonçant une "exclusion". "On n'envoie jamais de faire-part quand il faut entrer en résistance", lui a rétorqué le président socialiste de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone.

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Dray

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"Le FN reste marqué par son histoire". A gauche, les voix s'élèvent majoritairement contre une participation du FN. "Il n'y a pas de place pour une formation politique qui, depuis des années, divise les Français, stigmatise les concitoyens en fonction de leur origine ou de leur religion, ou ne se situe pas dans une démarche de rassemblement des Français", a affirmé le député François Lamy, organisateur de la marche pour le PS, sur le site de Public Sénat. "Le FN reste marqué par son histoire, il n'a pas sa place dans la manifestation dimanche", a tweeté le socialiste Julien Dray (photo), un proche de François Hollande.  "Chacun a le droit à titre individuel d'être là, il ne s'agit pas de trier", a toutefois précisé jeudi soir sur Europe 1 le conseiller régional d'Ile-de-France. Pour Carlos Da Silva, porte-parole du PS, interrogé sur BFMTV, "le Front national n'est pas le bienvenu pour organiser cette marche qui vise à défendre autre chose que ce qu'il est". Il ne faut "exclure personne", avait pourtant insisté plus tôt le député Olivier Faure, un autre porte-parole du PS, sur le site du Figaro.

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"Tous ceux qui se sentent concernés viennent". "Vient qui veut et qui se sent concerné. Point à la ligne", a déclaré jeudi soir Jean-Christophe Cambadélis face à l'ampleur prise par la polémique. "Il y a une marche républicaine appelée par les partis républicains. Tous ceux qui se sentent concernés par ce qui s'est passé viennent".

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Pour Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche, il est hors de question que le FN participe à la marche de dimanche. "C'est une manifestation en hommage aux valeurs de Charlie Hebdo, une certaine idée de la République. On ne doit pas faire une manifestation contraire à ses valeurs", a-t-il déclaré. Du côté des écologistes, en revanche, on ne ferme pas la porte à Marine Le Pen. "A elle de savoir si elle s'inscrit dans le camp des républicains", a estimé sur RTL Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'EELV.

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Qu'en pense l'UMP ? A l'UMP, qui participera au rassemblement, on n'a pas tardé à tacler le PS. "C'est une position unanime : il n'est pas acceptable que le Front national soit exclu pour une manifestation d'unité nationale", a affirmé le secrétaire général du parti, Laurent Wauquiez. "On ne pourrait pas comprendre que certains Français soient exclus, quelles que soient nos différences".

Une façon de rejeter la faute sur la gauche. "Ce n'est pas nous qui distribuons les invitations", balaie le député Sébastien Huyghe, porte-parole de l'UMP, contacté par Europe 1. Mais "en aucun cas nous ne conditionnons notre présence à la non-participation du FN", précise-t-il. Pour François Fillon, interrogé par l'AFP, "on ne peut pas parler d'unité nationale en excluant plusieurs millions de Français".

Même credo chez François Bayrou. Ce serait "une mauvaise décision d'exclure qui que ce soit", a déclaré le président du MoDem. "L'unité nationale, pour exister, doit se donner comme règle qu'on n'exclut personne". Entre union nationale et front républicain, la gauche devra choisir.

Et François Hollande ? La participation du chef de l'Etat à la marche républicaine est envisagée mais "pas décidée", a-t-on indiqué jeudi dans l'entourage du président de la République.