Manuel Valls a écouté les frondeurs, mais…

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et David Doukhan , modifié à
DÉCRYPTAGE - Le Premier ministre a reçu les élus PS mécontents de son plan d’économies. Mais il ne changera rien.

 L’INFO. A la veille de la présentation en conseil des ministres du projet de loi sur les 50 milliards d'euros d'économie qui seront réalisés entre 2015 et 2017, Manuel Valls a reçu, mardi après-midi, une délégation de parlementaires socialistes mécontents. Certains d'entre eux lui ont même soumis des scénarios alternatifs. A la sortie, ils étaient plutôt satisfaits. A tort…

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"Le Premier ministre a répondu à un certain nombre de nos attentes". Interrogé au micro d’Europe 1, Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée, a le sentiment d'avoir été entendu par Manuel Valls : "nous sortons d’une réunion de dialogue normale entre le Premier ministre et sa majorité. Nous avons posé la question des petites retraites, sur laquelle nous souhaitons qu’il puisse y avoir un geste, la question plus générale des modestes par rapport à l’impôt, avec l’assurance que les classes moyennes et les plus modestes ne vont pas connaître de nouveaux impôts, et des fonctionnaires". Et d’assurer, satisfait, que "le Premier ministre a répondu à un certain nombre de nos attentes. Nous allons maintenant laisser le gouvernement organiser sa réponse. Nous avons bien travaillé et il y a eu une prise en compte des demandes faites par le groupe socialiste".

Bruno Le Roux risque d’être déçu. Manuel Valls n’a en effet aucunement l’intention d’amender son plan, ou alors à la marge, par exemple sur les petites retraites. Céder aujourd’hui alors qu’il a marqué les esprits avec ses annonces reviendrait à un aveu de faiblesse pour le Premier ministre. Et la faiblesse n’est pas vraiment le trait le plus marquant de sa personnalité…

"Le vote de mardi prochain, c’est un rendez-vous avec l’histoire". Manuel Valls a donc trouvé une astuce : quand les députés parlent du fond, lui soigne la forme. Son entourage martèle le message : le chef du gouvernement a reçu longuement les députés frondeurs, il dialogue, il écoute et il veut que ces échanges soient permanents. Et face à eux, il a tenu un discours de responsabilité. "Le vote de mardi prochain, c’est un rendez-vous avec l’histoire, un moment d’honneur pour la France", raconte un conseiller. Dit autrement : "vous seriez irresponsables de ne pas voter ce texte."

Manuel Valls a un autre atout dans sa manche : la dispersion des frondeurs. La semaine dernière, ils étaient une douzaine à demander de réduire les économies à 35 milliards d’euros. Durant le week-end écoulé, d’autres proposaient d’atteindre les 50 milliards d’euros, mais différemment. Un manque d’unité qui permet au chef du gouvernement d’enfiler le costume de celui qui écoute et respecte tout le monde. Mais, in fine, il y aura bien 50 milliards d’économies d’ici la fin du mandat. Reste à trouver une majorité pour soutenir ce projet de loi. Mais sur ce point, les proches de Manuel Valls sont confiants.

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