"Madame le président" : l'UMP juge la sanction "scandaleuse"

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avec AFP , modifié à
Parce qu'il refuse la féminisation des titres, Julien Aubert, député UMP, a été sanctionné financièrement.

L'INFO. Lundi soir, un député UMP, Julien Aubert, a été sanctionné financièrement - une amende de 1.378 euros, soit le quart de son indemnité mensuelle - pour avoir persisté à appeler "Madame le président" la présidente de séance, la socialiste Sandrine Mazetier. "Monsieur Aubert, soit vous respectez la présidence de la séance, soit il y a un problème. C'est madame la présidente ou il y a un rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal", a fini par lui lancer la vice-présidente de l'Assemblée, très agacée par le refus d'obtempérer du député du Vaucluse. "Faites un rappel à l'ordre. Moi j'applique les règles de l'Académie française", lui a répondu le député. Depuis, la polémique grandit.

"Une sanction scandaleuse" pour l'UMP. Elu en 2012, Julien Aubert, 36 ans, a reçu la "solidarité totale" du groupe UMP. L'incident a même provoqué mardi après-midi plus de 45 minutes de discussion à la reprise des débats, ses collègues de l'opposition venant en masse dans l'hémicycle dénoncer, par la voix de leur chef de file Christian Jacob, "une sanction scandaleuse" et demander au président de l'Assemblée Claude Bartolone le respect de "la liberté de parole des députés" en annulant cette sanction. Les députés UMP se cotiseront pour compenser les 1.378 euros perdus par leur collègue.

"Monsieur la députée"… Mais à gauche, on ne transigera pas. "Il s'agit d'un usage parlementaire codifié", a d'abord assuré Claude Bartolone. Le coprésident du groupe des Verts François de Rugy a quant à lui rappelé que Julien Aubert n'en était pas "à son coup d'essai". L'élu s'était en effet déjà accroché en janvier dernier avec Sandrine Mazetier, la vice-présidente de l'Assemblée. Cette dernière, sourire en coin, lançant alors au député qui avait masculinisé son titre: "Monsieur la députée, vous étiez la dernière oratrice inscrite.". Et Claude Bartolone de clore le débat : "ce n'est pas l'Académie française qui fixe les règles de l'Assemblée nationale, c'est le bureau".

"Je suis une femme." Ce n'est pas la première fois que la bataille sur la féminisation des titres se joue à l'Assemblée nationale. Elle est en effet refusée par la plupart des députés de droite, ainsi que par l'Académie française. Si c'est la première fois qu'une sanction financière est prise, des différends ont déjà eu lieu. A l'automne 2012, Cécile Duflot avait eu un échange aigre-doux similaire avec l'ex-président UMP de l'Assemblée, Bernard Accoyer. "Je suis une femme. Je vous prierai donc de m'appeler 'Madame la ministre'", lui avait lancé l'écologiste. "Sinon, je me verrai dans l'obligation de vous appeler (...) 'Monsieur la députée'."