VIDEO - Macron, Trump, revenu universel… Les temps forts du troisième débat de la primaire PS

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Manuel Valls et Arnaud Montebourg ont été particulièrement virulents quand il s'est agi de critiquer le revenu universel voulu par Benoît Hamon. © Eric FEFERBERG / POOL / AFP
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L’ultime confrontation télévisée entre les sept candidats a été riche en échanges, parfois musclés, jeudi soir.

Ils avaient une dernière occasion de briller, et pour certains, ils l’ont saisie. Les sept candidats à la primaire PS se sont affrontés jeudi soir lors de leur troisième débat, et plus encore que lors de leur deuxième confrontation, les échanges ont parfois été vifs, surtout entre les quatre favoris que sont Manuel Valls, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et Vincent Peillon. Le cas d’Emmanuel Macron a aussi été évoqué ; l’ancien ministre de l’Economie, qui monte en puissance, a essuyé de vertes critiques. Enfin, certains traits d’humour ont égayé la soirée.

  • Macron en prend pour son grade

On peut être absent d’un débat et en même temps en être pleinement partie prenante. Emmanuel Macron a réussi cet exploit jeudi soir. L’ancien ministre de l’Economie est désormais bien installé dans la campagne présidentielle, et, c’est une conséquence directe de son succès actuel, les candidats ne sont pas faits prier pour lui adresser quelques tacles sévères. C’est Benoît Hamon qui a lancé la charge. "J’observe son aventure. Je la trouve terriblement classique. Je ne trouve pas cela inintéressant, je trouve cela tout simplement vieux", a lancé l’ex-ministre de l’Education, faisant un parallèle avec "un Tony Blair il y a 20 ans et un Gerhard Shröder il y a 20 ans",

"Il y a les sondages et puis il y a  les suffrages", a de son côté ironisé Arnaud Montebourg.  "Je ne comprends pas comment on peut faire l'éloge de Philippe de Villiers, puis de François Mitterrand, puis recevoir entre deux voyages et escales le soutien de Jean-Pierre Raffarin. Personne ne comprend rien", a fustigé l’ex-ministre de l’Education au sujet de son successeur.  Et de conclure d’un trait d’humour : "comme disait quelqu'un, quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup", en référence à une phrase de Martine Aubry lâchée lors de la primaire de 2011 au sujet de François Hollande.


Débat de la primaire du PS : les candidats se...par Europe1fr

Badin, Vincent Peillon s’est employé à minimiser le succès d’Emmanuel Macron. "Quand on n’a pas peur de Poutine et qu’on n’a pas peur de Trump, Macron ne nous fait pas peur. On’ l’a connu secrétaire général adjoint de l’Elysée, il était charmant. On l'a connu ministre, il était tout à fait raisonnable. Il mène une aventure tout à fait respectable. Tel le fils prodigue, il reviendra. Il aura fait la Une de certains magazines", s’est amusé l’ancien ministre de l’Education.

Enfin Manuel Valls a repris l’argument du candidat des médias. "Ça suffit. Il y a des forces politiques, des forces de presse qui veulent empêcher que cette primaire se passe dans de bonnes conditions. Le peuple de France ne se laissera pas imposer un choix", a lancé l’ex-Premier ministre, qui a exclu de se retirer, au nom des sondages".

  • Hamon en difficulté sur le revenu universel

La séquence a été difficile pour Benoît Hamon, bien seul, encore une fois, quand le sujet du revenu universel est revenu sur la table. Tour à tour, Manuel Valls, Vincent Peillon et Arnaud Montebourg l’ont attaqué sur ce sujet, et le député des Yvelines a eu bien du mal à se défendre. "On ne peut s'engager sur un revenu universel qui pèserait 350 milliards d'euros, je le dis amicalement, sur le budget de l'Etat", a d’abord lancé l’ex-Premier ministre. "Ce n'est pas le budget de l'Etat qui finance le revenu universel", a répondu Benoît Hamon. Réponse : "Mais quand on parle du déficit, on parle de tous les déficits."

Puis Vincent Peillon y est allée de sa critique : "Là, je vois même la gauche qui modifie ses promesses au fur et à mesure de la primaire car elle se rend compte qu'elle en a fait beaucoup. Le revenu universel remettrait en cause toutes les protections sociales et les filets de sécurité". Et Benoît Hamon de se contenter d’un discret : "Ce n’est pas vrai".

Enfin Arnaud Montebourg a enfoncé le clou. "On sait comment on raisonne dans notre famille politique : on dit qu'on va prendre d'abord aux riches, puis c'est un coup de bambou fiscal pour les classes moyennes et les classes populaires", a-t-il taclé. "T'as pas le droit... T'es pas sérieux", a répondu le principal intéressé, sans perturber son adversaire, qui a asséné : "Moi, je préfère une stratégie ciblée, sérieuse, robuste, avec des résultats anticipés."


Montebourg contre Hamonpar Europe1fr

Finalement, le seul secours est venu de Jean-Luc Bennahmias. "Benoît, ne te décourage pas, c'est la seule idée nouvelle qu'on ait proposée", a lancé le trublion de la primaire.

  • Peillon et Valls s’écharpent sur Trump...

C’est l’un des duels qui a rythmé la soirée. Et qui a été le plus musclé quand il s’est agi de commenter les déclarations de Donald Trump sur l’Europe, perçu il y a quelques jours par Manuel Valls comme "une déclaration de guerre". "Il ne faut pas faire la guerre tout le temps et à tout le monde et garder ce mot pour des situations précises", a prévenu Vincent Peillon. "Moi, je prends malheureusement très au sérieux les déclarations de Donald Trump. Et c'est une vraie déclaration de guerre, politique, ne jouons pas sur les mots", a rétorqué Manuel Valls.

Vincent Peillon a alors repris la parole : "Si on prend les mots au sérieux, n'employons pas le mot guerre, surtout lorsqu'on se prépare à être chef de l'Etat". Réponse agacée de l’ex-Premier ministre Manuel Valls : "Vincent Peillon me rappelle parfois mon vieux professeur qui me dit ‘attention aux mots qu'on utilise’". "Nous ne sommes pas en guerre contre les USA", l'a coupé Vincent Peillon, "et dire professeur, ce n’est pas forcément disqualifiant". "Moi, j'utilise ce mot parce que je veux dire à nos compatriotes que le monde est en train de changer", a conclu Manuel Valls.


La leçon d'usage de mots de Peillon à Vallspar LeLab_E1
  • ...Et sur les déficits

Manuel Valls, peu coutumier du fait, s’est essayé à l’humour, quand Vincent Peillon a rendu hommage à François Hollande sur les déficits de la France, mais la riposte a été cinglante. "On peut même remercier l’ancien Premier ministre. C’est un effort intellectuel qu’il faut faire", a glissé Manuel Valls. "Je suis obligé de dire quand même que le plus dur a été fait avant ton arrivée", a répondu, tout sourire, Vinent Peillon.


Passe d'armes entre Peillon et Valls sur les 3% de déficit
  • Place à l’humour

Malgré ces échanges parfois vifs, l’ambiance était plutôt détendue sur le plateau, et plusieurs traits d’humour sont venus pimenter la soirée. Si le "comme disait quelqu’un, quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup" d’Arnaud Montebourg, remporte sans conteste la palme, d’autres bons mots ont été glissés. Le même Arnaud Montebourg a ainsi souligné les propos parfois "échevelés" de Donald Trump, dans une référence claire à la coiffure parfois hasardeuse du futur président américain. Succès garanti.

François de Rugy a également eu le droit à ses rires, après un échange avec Fabien Namias d’Europe 1. "A la lecture de votre programme, on a le sentiment que vous êtes peut-être le plus libre-échangiste, en tout cas de ceux qui sont sur ce plateau", lance le journaliste. "Je vous laisse la responsabilité de votre expression", lui répond le candidat. "Ce n'est pas une insulte, c'est un constat économique", explique son interlocuteur. "Elle n'est pas valable, ni sur un plan économique, ni sur un autre plan. Mais restons dans le domaine économique", conclut le président du Parti écologiste, déclenchant des rires dans l’assistance.


Quand de Rugy explique ne pas être échangistepar LeLab_E1